2024, année électorale jouée d'avance en Russie
2 janvier 2024Vladimir Poutine est au pouvoir depuis un quart de siècle. La Constitution, qu’il a remodelée à son avantage, l’autorise théoriquement à rester au pouvoir jusqu'en 2036.
Il dépasserait alors Joseph Staline en termes de longévité au Kremlin.
"Les gens sont certes mécontents de beaucoup de choses. Mais le champ politique a été nettoyé. Le pays est immense et personne (à part Vladimir Poutine) n'aurait les ressources pour se battre pour la présidence", explique le politologue Alexander Kynew basé à Moscou.
Les principaux opposants politiques sont soit exilés, soit emprisonnés, comme Alexeï Navalny. D'autres sont morts ou ont été réduits physiquement au silence.
Une économie qui résiste
L’issue de la présidentielle étant jouée d’avance, l’enjeu reposera surtout sur le taux de participation pour donner ne serait-ce qu’un semblant de légitimité à la réélection de Poutine.
Malgré la guerre en Ukraine, appelée "opération militaire spéciale" en Russie, le pays semble par ailleurs avoir retrouvé un certain optimisme, estime Denis Volkov du centre Levada de Moscou, un institut de sondage russe indépendant.
Le nombre de personnes qui pensent que leur situation va se dégrader a diminué de moitié par rapport à l'année dernière.
Le Kremlin a réussi à dompter les effets des sanctions occidentales et à stabiliser le système bancaire russe.
L'économiste Natalia Subarevitch note que "l'économie russe est robuste". Les voies d'approvisionnement pour les marchandises sanctionnées en dehors de l'UE sont nombreuses. Les exportations se font désormais de plus en plus vers la Chine, l'Inde ou le Moyen-Orient. La Russie pourrait même augmenter ses dépenses militaires en Ukraine.
Un regime de plus en plus repressif
En Ukraine, où la contre-offensive de l’armée ukrainienne est jusqu'à présent largement infructueuse, les Russes ne craignent plus que leur armée soit défaite.
"La guerre est devenue une routine, un contexte auquel on s'est habitué depuis longtemps, mais dans lequel la plupart des gens ne sont pas impliqués. Elle est menée quelque part, mais c'est loin", explique Denis Volkov.
Dans le même temps, la machine à répression tourne à plein régime. Les critiques de la guerre sont condamnés à des peines de prison. Plus largement, les libertés individuelles, comme celles de la communauté LGBTQ+ sont bafouées.
L'historienne Irina Scherbakowa, membre fondatrice de la célèbre organisation de défense des droits de l'homme Memorial, interdite par le pouvoir en 2021, constate que "le long bras de la dictature s'immisce de plus en plus profondément dans la vie des gens".
Mais l’historienne veut continuer à croire à la lumière au bout du tunnel. Vladimir Poutine n’est pas éternel, et c’est le propre des régimes autoritaires : lorsque toutes les circonstances sont réunies, ils peuvent voler en éclat.