Mission difficile pour le président autrichien
24 mai 2016Norbert Hofer se voyait déjà vainqueur, mais son adversaire l'a coiffé au poteau, constate die tageszeitung. C'est donc un écologiste, professeur d'économie, et non un populiste, qui va occuper le "Hofburg" de Vienne. L'Europe reprend son souffle, tant la peur de voir un extrémiste se retrouver au palais présidentiel était grande. Mais s'il ne veulent pas que la débâcle électorale se reproduise, les démocrates autrichiens vont devoir se rapprocher de leur population. Ils doivent inciter les peureux et les déçus du petit paradis alpin à prendre part à la vie citoyenne.
Les adversaires du FPÖ ont remporté une victoire à la Pyrrhus, prévient la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Ce n'est pas une révolution verte que vit l'Autriche, mais une révolution bleue. Malgré la défaite de Norbert Hofer, les chances de voir le chef du parti populiste accéder au poste de chancelier ne se sont pas amenuisées. Selon le journal, l'élément catalyseur de cet élan populiste a été la politique à l'égard des réfugiés menée par la grande coalition socialo-conservatrice. Comme en Allemagne, la "culture de l'accueil" a conduit des milliers d'électeurs à se tourner vers l'extrême-droite. Sur le sujet dominant de l'immigration, ces citoyens ne se sentent plus représentés par les partis traditionnels, qui les méprisent en les considérant comme des xénophobes.
La première mission du nouveau président autrichien sera de combler la fissure qui divise la nation, note pour sa part la Neue Presse de Hannovre. Il va devoir aborder des problèmes urgents tels que l'injustice sociale et les néglicences économiques. Il va devoir apporter d'autres réponses à la crise des réfugiés que les promesses populistes de son ex-adversaire.
Des élections comme celles qui viennent d'avoir lieu en Autriche, mais aussi la montée de l'extrême-droite en Pologne ou en Hongrie, sont l'expression d'une triple crise, analyse la Süddeutsche Zeitung : une crise de l'Union européenne, une crise de la démocratie et une crise de la justice sociale. L'Union européenne a pu compter sur l'adhésion de ses citoyens tant que tout allait bien. La prospérité et la sécurité croissantes ont alimenté le consensus. Mais elles n'ont pas conduit les gens à s'identifier à l'Europe autant qu'à leur pays. Aujourd'hui, poursuit la Süddeutsche, nombreux sont les Européens qui se considèrent comme des perdants du système. Et l'Union européenne leur paraît comme une camisole de force.