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Yaoundé a levé certaines mesures de restriction

Henri Fotso
4 mai 2020

Le gouvernement camerounais a annoncé plusieurs mesures dont l'autorisation d'ouverture plus tardive des restaurants et débits de boissons.

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Image : Imago Images/Xinhua/J. P. Kepseu

C’est jeudi (30.04.20) que par la voix du premier ministre camerounais, Yaoundé a levé certaines mesures de distanciation sociale dans tout le pays. Le chef de gouvernement parlait de "mesures d’assouplissement et de soutien, afin de soulager les secteurs durement impactés par la crise sanitaire."   

Les deux premières mesures créent la controverse, voire l'émoi chez certains. Il s’agit de : l’ouverture au-delà de 18 heures des débits de boissons, des restaurants et des lieux de loisirs et de la levée de la mesure réduisant le nombre de passagers dans tous les transports en commun. 

L’avocate Alice Nkom, du Réseau des défenseurs des droits humains en Afrique centrale (REDHAC), affirme que cette décision prouve une nouvelle fois que le gouvernement n’agit pas dans l’intérêt des Camerounais : 

“Je suis très choquée. Pas pour moi mais pour mes compatriotes. Moi, il y a longtemps que j’ai perdu confiance en ce gouvernement. Dans son vocabulaire, il n’y a pas de mots comme anticiper, intérêt général. Et ça se vérifie tous les jours dans la gestion de cette grande calamité qu’est le Covid-19.“ 

Le gouvernement a aussi décidé de l’exonération de certaines taxes, de l’octroi de moratoires et de différés de paiement aux entreprises, et du soutien à la trésorerie des entreprises à travers une allocation spéciale de 25 milliards de francs CFA. 

L'avocate Alice Nkom (photo d'illustration)
L'avocate Alice Nkom (photo d'illustration) Image : Dr. Dirke Köpp

 Anicet Ekane, le leader du MANIDEM (Mouvement africain pour la nouvelle indépendance), à l’opposé de maître Alice Nkom, salue ces mesures et surtout la réouverture plus tardive des lieux de loisirs : 

“Cette mesure aujourd’hui, qui tend à desserrer l’étau sur le plan social et économique, est une bonne mesure. Il y a une énorme économie parallèle autour des bars, des débits de boissons, etc… Les femmes « bayam and sellam » qui tournent autour de ces milieux de consommation courante de boisson et de plaisir entretiennent des familles entières. Le pays ne pouvait pas supporter indéfiniment cette situation où ces Camerounais n’avaient plus de quoi vivre et étaient coincés dans la survie quotidienne.“ 

Maître Alice Nkom reste néanmoins catégorique : “Si ce n’était que pour les raisons économiques, il y a des choses qui auraient pu être faites. Donc ce ne sont pas les mesures économiques qui les intéressent. Ce sont leurs intérêts parce que cette situation peut amener à l’implosion et donc à la menace du pouvoir absolu du président. C’est ça qui les guide. Ce n’est pas les intérêts de protection des populations et du pays. Le socle de leurs décisions, c’est comment garder le pouvoir absolu.“ 

Ces mesures sont annoncées alors qu’ont été annulées la fête du travail du 1er mai dernier et la fête nationale du 20 mai prochain, où les Camerounais espéraient assister enfin à une apparition publique de leur chef d’Etat. 

La transmission du coronavirus est de plus en plus manifeste au Cameroun, où le ministère de la Santé déclare plus de 2.300 cas d’infection.