Amadou Bah Oury (UFDG / Le Renouveau) en interview à la DW

Six mois après les élections locales en Guinée, les élus locaux ne sont pas encore installés. L'opposition qui contestait la victoire du parti au pouvoir, le RPG, est finalement parvenu à un accord avec ce même pouvoir. Amadou Bah Oury, qui prône une opposition "constructive" rappelle que les deux protagonistes des élections :

"ont confisqué pendant plus de six mois la souveraineté du peuple guinéen qui a voté". Selon lui : "si à chaque fois qu'on n'est pas content, on remet tout en cause, on déstabilise le pays et on décrédibilise les institutions, pour arriver à une forme d''ingouvernabilité'. Et là les deux tenant que ce soit la mouvance ou ce qui se disent de l'opposition républicaine seront responsables de ce qui adviendra".

 

Il va y avoir des crises

La Guinée vie une période de mouvements sociaux dû notamment à la hausse du prix du carburant. Une insatisfaction qui a mené à des manifestations dans le pays. Mais le pouvoir n’a pas cédé : pas de baisse des prix. Une situation qui suscite de fortes tensions de manière récurrente et que Bah Oury impute à :

"l'absence d'une amélioration substantielle de la qualité de la gouvernance lors de la dernière décennie [...] La Guinée, depuis l'indépendance, a vécu sur une certaine culture de rente. Au lieu de mettre en place des dynamique permettant à l'Etat d'avoir suffisamment de ressources, on a utilisé la bauxite, pressuré la paysannerie pour boucher les trous [...] Faibles ressources et demande sociale forte : il va nécessairement y avoir des crises.", prévient le président de l'UFDG / Le Renouveau.

 

L'Eldorado n'existe plus

 

Des crises qui conditionnent également les départs à l'aventure de nombreux jeunes guinéens vers l'Europe. Par exemple vers l'Allemagne que Bah Oury considère comme un interlocuteur privilégié concernant les questions de migration :

"L'Allemagne, en tant que leader européen, est un pays avec lequel il faut parler, apprendre à connaitre pour envisager des solutions plus adaptées pour stopper ce flux de migration, pour permettre aux jeunes, notamment dans nos pays, de rester sur place, d'avoir un avenir, de se construire et ne pas penser qu'il y a un Eldorado ailleurs - qui n'existe plus."