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Une deuxième nuit de couvre-feu plus calme au Sénégal

Robert Adé | La rédaction francophone
8 janvier 2021

Des incidents ont eu lieu, mais moins nombreux que la veille. La mesure doit aider contre la hausse des cas de Covid-19.

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Ceux qui travaillent la nuit s'inquiètent de ne plus pouvoir le faire
Ceux qui travaillent la nuit s'inquiètent de ne plus pouvoir le faireImage : JOHN WESSELS/AFP

Ce vendredi matin, Dakar se réveille après une seconde nuit sous couvre-feu, entre 21h à 5h du matin. Une nuit plus calme que celle de la veille, marquée par de nombreux incidents. Quelques manifestations sporadiques ont eu lieu, mais rien de comparable avec la nuit de mercredi à jeudi selon les premières constatations sur le terrain. Le couvre-feu rétabli depuis mercredi soir dans les régions de Dakar et Thiès vise à réduire la propagation du nombre de cas de coronavirus, à nouveau à la hausse selon les autorités.

Des problèmes pour se déplacer

Dans la commune de Keur Massar, située à l'est de Dakar, à 21h ce jeudi, des éléments de la gendarmerie viennent juste d'installer leurs dispositifs de contrôle et de sécurité au croisement Abdoulaye Tall. Pour cette deuxième nuit de couvre-feu, pas d'actes de violence mais il y a toujours dans les rues, des gens surpris par l'heure d'entrée en vigueur de cette restriction. "Je viens à peine d'arriver de Paris, il y a trois jours", raconte Amidou. "Je fuis le couvre-feu justement pour me reposer ici, et là, je me retrouve dans la même situation."

"On nous empêche de travailler la nuit", déploraient des manifestants dès mecredi soir
"On nous empêche de travailler la nuit", déploraient des manifestants dès mecredi soirImage : JOHN WESSELS/AFP

D'autres racontent leurs difficultés pour se déplacer rapidement. "On habite tellement loin qu'on ne peut pas marcher", se plaint Ahmed. "On n'a pas le choix, tout ce qu'on peut faire, c'est d'attendre". Cet habitant juge la mesure prise trop rapidement, il aurait souhaité du temps pour s'y préparer. 

Des incidents sporadiques

Au cours de cette nuit de jeudi à vendredi, des véhicules remplis de passagers ont été appréhendés et des personnes à pieds interpellées par les forces de sécurité au niveau de plusieurs postes de contrôle. Pour Cheikh Bamba, un citoyen sénégalais rencontré à un arrêt bus, la violence ne saurait résoudre des problèmes de santé publique. "Force revient à la loi, mais les forces de l'ordre qui ont été formées pour gérer cette situation gagneraient à le faire avec beaucoup plus de tact, avec moins de violence". 

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Le gouvernement tente de convaincre

Jeudi dans la journée, face à la presse, le ministre de l'intérieur, Antoine Félix Abdoulaye Diome a précisé que ce nouvel état d'urgence assorti de couvre-feu est une décision prise sur recommandation du Comité national de gestion des épidémies. Le Sénégal a déclaré plus de 20.000 cas de contamination et 438 décès. Des chiffres encore faibles par rapport à d'autres pays, mais le système sanitaire sénégalais est déjà sous tension. 

Ce couvre-feu est assorti d'autres mesures. Le port du masque est désormais obligatoire sur la voie publique, dans les administrations, les commerces, les transports en commun, et les véhicules transportant au moins deux personnes. "Nous sommes convaincus que c'est un relâchement général à tous les niveaux a occasionné la reprise de l'épidémie", assure le ministre de la Santé et de l'Action Sociale, Abdoulaye Diouf Sarr. Jeudi, le ministère de l'Intérieur a aussi interdit tous les rassemblements sur la voie publique jusqu'au 17 janvier dans les régions de Thiès et de Dakar, qui concentrent presque 90% des cas de contamination par le coronavirus selon les autorités. "Les mesures prises sont là pour nous permettre d'avoir toutes les chances de la victoire", a tenté de convaincre Abdoulaye Diouf Sarr. Des paroles pour tenter d'apaiser la situation, alors que des manifestations ont eu lieu dans la nuit de mercredi à jeudi, avec parfois des pneus brûlés et des barricades dressées.