1. Aller au contenu
  2. Aller au menu principal
  3. Voir les autres sites DW

Touadéra accuse de terrorisme ses détracteurs

Jean-Fernand Koena
1 décembre 2022

L'accusation est jugée outrancière et rejetée par le Bloc des républicains pour la défense de la Constitution, mais aussi par la société civile

https://p.dw.com/p/4KMVQ
Rwanda, Kigali | Visite du président centrafricain Faustin-Archange Touadéra
Le président Touadéra ne s'est pas exprimé sur les sujets qui préoccupent la majorité des CentrafricainsImage : Präsidentschaft der Republik Ruanda

La Centrafrique célèbrait ce jeudi (1 décembre) le 64e anniversaire de la proclamation de la République.

Le président de la République, Faustin Archange Touadéra ,était très attendu sur la question sécuritaire avec la lutte contre les groupes armés mais aussi la montée de la criminalité dans la capitale, Bangui.  

 

La cherté de la vie n'a pas été évoquée

L’autre préoccupation des Centrafricains concerne le pouvoir d’achat, érodé par la hausse des prix. Enfin, dans la bulle politique, on s’interroge aussi sur la volonté supposée de Faustin Archange Touadéra de briguer un troisième mandat .  

Mais le président centrafricain n’a quasiment rien dit sur ces thèmes les plus attendus, il s’est contenté de traiter ses détracteurs de “terroristes”.  

Une accusation rejetée par le président de la Convention républicaine pour le progrès social et ancien Premier ministre, Nicolas Tiangaye qui estime que "le président de la République est dans la tourmente, il a échoué dans la gestion de l’Etat et il cherche des boucs émissaires. Il n’a brillé que par les injures et le mensonge, en particulier lorsqu’il parle du BDRC comme d’une association de malfaiteurs et de terroristes".

 

Nicolas Tiangaye est allé plus loin en point du doigt le manque de responsabilité de la part du président:

"Je crois que le président Touadéra fait preuve d’irresponsabilité. Quand vous êtes chef d’Etat et que vous identifiez une association de malfaiteurs, vous prenez vos responsabilités, vous saisissez la justice pour que les malfaiteurs et les terroristes soient neutralisés", a-t-il ajouté.

Nicolas Tiangaye n’est pas le seul à arriver à cette conclusion. Le gouvernement en exil autoproclamé, dirigé par Jean-François Akandji Kombé, décrit une situation apocalyptique du pays sous l’ère Touadéra. 

Image symbolique Violence en République centrafricaine - milices
Les Centrafricains s'attendaient à ce que leur président s'exprime sur la question des groupes armésImage : Jerome Delay/AP Photo/picture alliance

"Notre justice est dirigée par des criminels. Notre Constitution est liquidée, le président que nous nous sommes donnés s’est parjuré, l’intérêt du peuple est sacrifié sur l’autel des intérêts d’un clan. Toutes nos institutions sont désormais en dehors de la loi fondamentale et le coup d’Etat constitutionnel est désormais consommé", a déclaré ean-François Akandji Kombé 

Plusieurs thèmes passés sous silences

La société civile a, quant à elle, déploré l’absence d’ouverture et estime que les vrais problèmes ont été occultés par le président Touadéra.  

Paul Crésent Béninga, enseignant chercheur et porte-parole du groupe de travail de la société civile, s'interroge sur les thèmes que le président Touadéra n'a pas mentionné:

"Jusqu’à aujourd’hui, la question du troisième mandat et du référendum n’a jamais été abordé par le président de la République, pourtant les préparatifs vont bon train, ses soutiens et son parti politique ont évoqué cette question à l’occasion de leur dernier conseil politique, ce qui est embêtant. Le peuple est confronté à un problème relatif au pouvoir d’achat, il y a une flambée des prix des denrées sur les marchés, nous sommes confrontés à la pénurie du carburant et malheureusement le président n’a pas évoqué cela. Est-ce que ça ne fait pas partie de ses préoccupations ? Est-ce une omission ? Cela peut témoigner qu’il y a beaucoup à faire"

La fête du 1e décembre de cette année divise donc plus qu’elle ne rassemble. Plusieurs partis politiques de l’opposition n’y ont pas pris part alors que la conclusion de l’enquête sur l’attaque de Bossangoa est toujours attendue.