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Six mois de pandémie de Covid-19 et six mois de corruption

11 septembre 2020

L’Afrique n'a pas résisté à un autre virus très redouté, celui de la corruption. Des sommes prévues pour faire face à la pandémie ont ainsi disparu.

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Graffiti contre le coronavirus à Abidjan
Graffiti contre le coronavirus à AbidjanImage : AFP/I, Sanogo

Il y a six mois aujourd’hui que l'Organisation mondiale de la santé a déclaré l’état de pandémie de Covid-19. Six mois après, le virus constitue toujours une menace : plus de 900.000 personnes en sont mortes et 28 millions ont été contaminées.

Le continent africain est peu touché, il a enregistré un peu moins de 32.000 décès et plus de 1,3 million de cas. Mais des centaines de millions de dollars prévus pour y faire face ont disparu à cause des détournements et de la corruption.

De Nairobi à Lagos, des responsables gouvernementaux et des entreprises sont mis en cause.

Enrichissement illicite

Dans beaucoup de pays, des hôpitaux se retrouvent avec du matériel non conforme aux normes, des équipements ou désinfectants inefficaces. En RDC, le ministre de la Santé est sur la sellette. Il est accusé d’avoir détourné des fonds destinés à la lutte contre la pandémie.

En mai, le Premier ministre Sylvestre Ilunga Ilunkamba affirmait avoir décaissé 10,7 millions de dollars pour lutter contre le coronavirus. Un mois plus tard, le responsable de ces programmes disait n'avoir reçu que 1,4 million. 

"Bien sûr que les contrôles sont beaucoup plus difficiles en cas de pandémie" (Sarah Steingrüber)

"Je ne peux pas nier. Il y a la corruption ici aussi", a estimé Henri Mutombo, le coordinateur de l'ONG Pour construire en RDC qui dit attendre les conclusions des enquêtes pour prendre position.

"Concernant le ministre de la Santé, la justice s’en est saisie et on attend les résultats de l’enquête", a déclaré le premier responsable de l’ONG congolaise qui lutte contre la corruption.

Rien d'étonnant au fait que ces sommes affectées à la lutte contre la pandémie suscitent l’appétit de certains. L’urgence et l’ampleur de la pandémie ont en effet facilité les détournements, estime Sarah Steingrüber, spécialiste des mesures anti-corruption dans le secteur de la santé.

"Bien sûr que les contrôles sont beaucoup plus difficiles en cas de pandémie. Les équipements et les commandes doivent arriver à destination rapidement parce que c’est l’urgence", selon Sarah Steingrüber.

En période d’urgence, comme c’était le cas dans beaucoup de pays, les mécanismes de lutte contre la corruption ont été suspendus en raison des contraintes de temps.

Des cas se multiplient

En Afrique du Sud par exemple, les deux tiers des contrats de fourniture de matériel de protection ne respectent pas les règles fiscales, ou ne sont pas déclarés, ont fait savoir jeudi (10.09.2020) les autorités fiscales.

En Ouganda, quatre responsables gouvernementaux risquent la prison pour avoir empoché un demi-million de dollars sur un fonds destiné à nourrir les plus vulnérables.

Au Zimbabwe, le ministre de la Santé, finalement limogé, Obadiah Moyo, a été au centre du scandale "Covidgate" après avoir commandé des équipements de protection hors de prix pour le pays.

Des masques de protection ont été facturés à 28 dollars l’unité. Ce qui correspond au salaire mensuel de certains salariés au Zimbabwe.