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Siemens sous les feux de la critique

Aude Gensbittel4 octobre 2006

Les journaux reviennent sur l’affaire Siemens, qui secoue depuis la semaine dernière le monde de l’économie allemande. Il y a un an, le consortium allemand avait vendu au groupe taiwanais BenQ ses activités de téléphonie mobile. Mais jeudi dernier, le groupe en question a annoncé le dépôt de bilan de sa succursale en Allemagne, ce qui risque à terme d’amener la perte de 3 000 emplois.

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La chancelière Angela Merkel a appelé hier le groupe Siemens à « prendre ses responsabilités» envers ses anciens salariés. Face à de nombreuses critiques de l’opinon publique, notamment celle d’avoir relégué à une autre entreprise la fermeture inévitable de sa division de téléphones portables, le groupe Siemens a décidé de renoncer à l’augmentation de 30% des salaires de ses dirigeants et de créer un fonds de solidarité de 35 millions d'euros pour les salariés concernés. Un geste noble, mais qui ne va pas forcément suffire à réparer les dégâts.

Pour les salariés du groupe, Siemens est plus qu’un simple employeur, écrit la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Beaucoup d’entre eux parlent même d’une grande famille. Mais tout cela appartient maintenant au passé. Après la vente de sa division de téléphones portables à un groupe taïwanais jusque-là inconnu, BenQ, et le dépôt de bilan de la succursale allemande de BenQ, non seulement 3 000 emplois sont menacés, mais c’est aussi le principe même de loyauté qui pourrait disparaître au sein du conglomérat Siemens.

Pour la Süddeutsche Zeitung, la direction de Siemens avait un plan : elle a vendu une division mal en point et voulait se retirer avec élégance d’une affaire coûteuse. Mais ce plan a échoué. C’est certes le nouveau propriétaire, BenQ, qui a dû prononcer le dépôt de bilan, mais la colère face à la suppression de 3 000 emplois va tout droit à l’ancien propriétaire, Siemens. Car celui-ci a mal géré la branche pendant des années et c’est les bras ballants qu’il a regardé décliner ses affaires, pendant que ses concurrents Nokia et Motorola gagnaient des parts de marché.

Le patron de Siemens, Klaus Kleinfeld, doit ravaler sa fierté, écrit le Financial Times Deutschland. Le conseil d’administration de Siemens a en effet décidé de renoncer à son augmentation, pour créer un fonds d’aide aux anciens employés. Cette stratégie fonctionne, l’indignation publique a quelque peu diminué. Mais le répit sera de courte durée. Car Kleinfeld a créé un précédent. A l’avenir, à chaque fois que la politique financière d’un groupe ne plaira pas au syndicat IG Metall, au quotidien populaire Bildzeitung, ou encore à des hommes politiques qui cherchent à se rendre intéressants, ils voudront répéter le scénario BenQ. Et quand on pense que Kleinfeld doit remettre à flot plusieurs départements du groupe, cela ne laisse rien augurer de bon. BenQ aura un effet boomerang, pas seulement pour Siemens, pour toutes les grandes entreprises allemandes.