1. Aller au contenu
  2. Aller au menu principal
  3. Voir les autres sites DW

Serbie, une victoire inquiétante

Yvon Arsenijevic30 décembre 2003
https://p.dw.com/p/C9jF

En Serbie, les ultranationalistes l'ont emporté aux élections législatives de dimanche dernier. Ils constituent désormais la première force politique du pays. Cela ne suffit certes pas pour une majorité gouvernementale: les partis démocratiques sont trop forts - mais ils sont aussi très divisés. Berlin se dit «inquiet» et la presse allemande frissonne. «Retour à la case départ en Serbie» titre sans appel la Frankfurter Rundschau et la Stuttgarter Zeitung trouve une explication: les occidentaux ont suscité trop d'espoirs dans les Balkans. On a eu l'impression que les réformistes bénéficieraient de tous les soutiens, financiers et autres, à partir du moment où les anciens régimes seraient chassés. Espoirs déçus ! Par manque d'argent, d'influence, de volonté politique. Après des années de surplace, les électeurs expriment aujourd'hui leur déception. La Süddeutsche Zeitung évoque le «retour des criminels» et estime que l'Europe a frôlé la catastrophe. Si le résultat de dimanche a fait un heureux, renchérit la Leipziger Volkszeitung, c'est bien l'ancien président Milosevic dans sa cellule de La Haye. Deux ans après son transfert au Tribunal Pénal International pour la Yougoslavie, il sait grâce au succès des ultranationalistes serbes que, criminel de guerre ou pas, il n'est pas la seule des plaies des Balkans et encore moins la pire. Quant aux perdants, poursuit le journal, ce sont tous les défenseurs du renouveau politique de la Serbie, groupés jadis autour de Djindjic, le premier ministre assassiné. Il n'est rien resté de leur noble objectif. «Effroi et désarroi» - c'est le double sentiment qui assaille la Märkische Oderzeitung, à Francfort sur l'Oder : effroi de voir deux dirigeants politiques emprisonnés et accusés de crimes de guerre obtenir 35 % de suffrages. Et désarroi parce que personne ne sait comment aider la population du principal pays des Balkans a refaire confiance à la démocratie. Et la démocratie, pour se construire, précise de son côté l'Ostsee-Zeitung, de Rostock, exige qu'on la soutienne vraiment, pas seulement en chassant une dictature. L'Europe reçoit aujourd'hui la monnaie de son désintérêt pour les Balkans. Il est grand temps qu'elle fasse parvenir à la Serbie les messages concrets correspondants. Une Serbie qui, pour la Frankfurter Rundschau, est de plus en plus ingouvernable : Milosevic et Seselj ne siègeront certes pas au parlement, mais leurs formations politiques maintiendront le pays dans l'isolement, écrit le journal, et s'ils ne sont pas prêts de prendre le pouvoir, même ensemble, ensemble, ils sont assez forts pour bloquer toute réforme et pour tout déstabiliser.