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Liberté d'expressionRwanda

Mort suspecte d'un journaliste critique au Rwanda

20 janvier 2023

D’après le média pour lequel il travaillait, qui cite les autorités, le journaliste John W. Ntwali, aurait trouvé la mort lorsqu'un véhicule a percuté sa moto.

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Ruanda Journalist John Williams Ntwali
John Williams Ntwali, 44 ans, rédacteur en chef du journal The Chronicles, est mort dans des circonstances suspectes.Image : privat

Les faits se seraient déroulés ce mercredi (18.01.2023) vers trois heures du matin à Kimihurura, une localité située à proximité de la capitale Kigali. Et c’est ainsi que John Williams Ntwali, journaliste très critique vis-à-vis du pouvoir du président Paul Kagame, aurait trouvé la mort.

Mais pour Rights Watch (HRW), compte tenu des antécédents du pouvoir au Rwanda, la mort du journaliste, après avoir été porté disparu, n’est malheureusement pas surprenante.

"La triste mort de John Ntwali, dans des circonstances toujours floues, n'est pas quelque chose d’étonnant pour nous. Malheureusement, il avait annoncé à nous même, à Human Rights Watch, que sa vie était en danger. Pourquoi ? Parce que John Ntwali faisait partie des derniers journalistes, les derniers soi-disant activistes au Rwanda, qui prennent le risque de dénoncer des abus du gouvernement rwandais", a déclaré Lewis Mudge, directeur Afrique centrale à HRW.

Mosambik | Besuch Filipe Nyusi und Paul Kagame in der Provinz Cabo Delgado
Les groupes de défense des droits humains critiquent Paul Kagame pour sa répression de la liberté d'expressionImage : Simon Wohlfahrt/AFP/Getty Images

Des menaces quotidiennes

The Chronicles, un journal en ligne qui ose critiquer le gouvernement, dont Ntwali était le rédacteur en chef depuis 2021, avait déjà fait savoir sur son compte Twitter, lundi dernier (16.01.2023), qu’il était sans nouvelle du journaliste. 

Le chroniqueur se plaignait déjà de devoir chaque jour expliquer aux autorités le contenu de ses articles. Même si la police annonce avoir arrêté le conducteur du véhicule et son placement en garde à vue, les circonstances de sa mort demeurent suspectes.

"Puisqu’il était un journaliste qui critiquait souvent les autorités, moi, je me pose la question si ce n’est pas en rapport avec ça ? Nous recommandons qu'il y ait une enquête approfondie et indépendante", exige Elie Sinzabakwira, ancien secrétaire exécutif de la Liprodhor, la Ligue rwandaise des droits de l’homme.

John Williams Ntwali a souvent été cité comme l'un des rares journalistes qui osait encore aborder les questions de persécution et de répression politiques dans son pays. Il rejoint ainsi la longue liste des personnes qui ont tenté de défier le gouvernement rwandais et qui sont mortes, a écrit HRW dans un communiqué.

Symbolbild Pressefreiheit in Ruanda - Radio 10 erstes privates Radio in Ruanda
Le Rwanda est classé au 136e rang sur 180 pays en matière de liberté de la presse par Reporters sans FrontièresImage : Getty Images/AFP/Gianluigi Guercia

La théorie d'un accident de la route

Une enquête rapide et indépendante, c’est ce qu’exige cette organisation pour qui, il existe de nombreuses raisons de remettre en question la théorie d'un accident de la route.

"Pourquoi attendre deux jours pour annoncer le décès de quelqu'un qui est mort dans un accident dans la ville de Kigali ? Pourquoi attendre deux jours avant d'annoncer à la famille qu'il est mort ? Et aussi, je dois dire que ce n'est pas la première fois qu'il y a quelqu'un de très critique qui meurt dans un accident routier au Rwanda", a rappelé Lewis Mudge de HRW.

John Ntwali avait été arrêté de nombreuses fois au cours de sa carrière - parfois pour quelques heures, parfois plusieurs semaines. Il avait également fondé la chaîne Pax TV sur YouTube, diffusant majoritairement des interviews, en langue kinyarwanda, de voix dissidentes.

Il s’est plusieurs fois exprimé sur la DW à propos du manque de liberté d’expression au Rwanda ou encore des disparitions d’opposants au Rwanda. C’était le cas récemment de la youtubeuse Yvonne Idamange.