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Comprendre le conflit entre Teke et Yaka dans le Maï-Ndombe

12 septembre 2022

En RDC, près de 20.000 personnes ont fui les récentes violences dans le Maï-Ndombe. Explication des origines de tensions entre deux communautés qui ont déjà fait une quarantaine de morts depuis août.

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Photo de Somicongo dans le Mai-Ndombe (archive)
Les violences qui ont éclaté dans le Mai-Ndombe sont le fruit d'une instrumentalisation de conflits intercommunautairesImage : Jonas Gerding/DW

En République démocratique du Congo, près de 20.000 personnes, parmi lesquelles 285 enfants non accompagnés ont fui de récents affrontements dans la province de Mai- Ndombe située dans l'ouest du pays. Ces affrontements impliquent les communautésTeke et Yaka. C'est depuis le mois d'août que ces tensions perdurent. Plus de 40 personnes ont été tuées et plus de 200 maisons incendiées.

Indigènes et allogènes

Début août, les membres des communautés Teke et Yaka se sont affrontés à l'arme blanche, notamment dans la cité de Kwamouth, à une centaine de kilomètres de la capitale, Kinshasa.

Les Teke se considèrent comme originaires et propriétaires des villages situés le long du fleuve Congo sur une distance d'environ 200 kilomètres. Les Yaka sont venus s'installer après.

Pour Fidèle Lizorongo, membre de la société civile de la province de Maï-Ndombe, le recours à la justice aurait été plus efficace que le recours à la force.

Tout part de mesurettes de maïs

"Le vrai conflit entre les Teke et les Yaka est né d'une brutale exigence de redevance que les Teke ont demandée aux Yaka", explique-t-il. "Cela est passé de cinquante mesurettes de maïs à 150 mesurettes et d'un sac de cossette de manioc à cinq sacs. Mais du moins, il me semble que les Yaka n'auraient pas dû faire la guerre mais ils devaient en principe saisir la justice pour qu'elle puisse les départager."

La situation entre les Teke et les Yaka est complexe et difficile à décortiquer, estime pour sa part le député Guy Mosomo. Cet élu du territoire de Kwamouth, où se déroulent les conflits, soupçonne une instrumentalisation du conflit.

Cohabitation pacifique

"Lorsque nous sommes allés à Kwamouth avec la délégation gouvernementale, raconte Guy Mosomo, dans le groupe que nous avons reçu, ils nous ont tous dit qu'ils ne comprenaient pas la situation parce que les Teke et les Yaka ont toujours vécu ensemble, il y a eu des mariages entre les deux communautés. Mais le fait que certains prennent des armes pour s'attaquer aux Teke, ils ne le comprennent pas. La situation s'est enlisée à un moment mais maintenant il y a une certaine stabilité parce que les auteurs des massacres sont en train d'être arrêtés. Aujourd'hui par exemple, on en a arrêté quelques uns vers le village Mibe, ils sont à la police de Mashambio."

Faire agir les autorités centrales

Sur place, Rita Bola, fraîchement élue gouverneure, revient au micro de la DW sur les problèmes auxquels elle a dû faire face depuis sa prise de fonction :

"Pour moi la première des choses c'était d'entendre les vraies causes et de faire agir le gouvernement central. Nous ne sommes ni la police ni l'armée. Politiquement, nous venons rétablir la paix pour qu'elle puisse perdurer. A l'heure actuelle, les gens sont en train de retourner dans leurs villages. Personnellement, je suis allée les rassurer. Il y a des vivres qui sont venus du gouvernement central et nous aussi au niveau de la province, nous avons contribué en donnant plusieurs centaines de tôles pour que ceux dont les maisons ont été brûlées puissent y retourner. "

Ce dimanche [11.09.22], les autorités traditionnelles de la province du Kongo-Central ont appelé les Teke et les Yaka à faire la paix pour calmer les tensions qui prévalent à Kwamouth.

DW-Redaktion Afrika-Französisch
Wendy Bashi Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welle@WenBash