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Conflit dans le Mai-Ndombe, des rescapés témoignent

Paul Lorgerie
29 juin 2023

Des déplacés qui ont fui la province du Mai-Ndombe et le conflit intercommunautaire qui s'y déroule racontent les atrocités dont ils ont été victimes.

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Des déplacés en République démocratique du Congo
Les violences ont poussé de plus en plus de personnes à fuir la province Image : Cunningham/Getty Images

" Ils sont entrés dans le village autour de trois heures du matin. Mon grand-père qui était chef coutumier, ma grand-mère, ma mère, mes cousines ont été tués" raconte à la DW Virginie qui n'a que 17 ans. Le mardi 20 septembre 2022, des assaillants font irruption dans son village, tuant 24 membres de sa famille.

"On m'a ensuite arrêté, pour m'emmener dans la maison du chef décapité, puis sur le terrain de football, avant d'être emmené dans la forêt" poursuit-elle.

Bien que blessée par un coup de machette à l'épaule, Virginie, avec une poignée de villageois, réussit à s'échapper et à rejoindre le village voisin.

Ce type de témoignages foisonnent dans le quartier Mombele de Kinshasa, où des centaines de personnes appartenant à la communauté Teke se sont réfugiées, après avoir fui les violences ayant commencé il y a un peu plus d'un an dans le territoire de Kwamouth.

D'autres rescapés racontent

Augustin, présent dans la concession où demeure Viriginie, garde précieusement les photos de ses blessures et son bulletin médical. Il a échappé de justesse à la mort.

"Subitement, j'ai reçu deux balles dans le ventre. Et étant donné que je prenais la fuite, quelqu'un s'est posté devant moi, m'a donné un coup de machette. Mais comme Dieu est grand, j'ai pu prendre la fuite" raconte-t-il.

Ecoutez les explications de Paul Lorgerie

Ces attaques, les témoins et rescapés les attribuent à la communauté Yaka, et plus spécifiquement à la milice Mobondo. Des jeunes qui, selon la dizaine de personnes interrogées, sont du voisinage, comme l'avait constaté Kituna Ngabilolo lors de l'attaque de son village.

"Il était trois heures du matin et ces gens étaient maquillés avec du charbon ou cagoulés. Mais au son de leur voix, nous pouvions deviner qui ils étaient" explique Kituna.

Un décompte macabre

Selon le décompte de la Deutsche Welle basé sur les données fournies par une dizaine de témoins issus de villages différents, près de 220 personnes ont été tuées dans le territoire de Kwamouth et aux alentours depuis juin 2022.

L'organisation Human Rights Watch avait quant à elle comptabilisé plus de 300 morts entre juin 2022 et mars 2023, après s'être appuyé sur les témoignages de 31 rescapés.