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Et si ne pas dialoguer avec le M23 était une erreur?

Etienne Gatanazi
22 novembre 2022

Le dialogue de Nairobi a été repoussé car les autorités de RDC refusent de discuter avec les rebelles du M23, actifs dans l'est du pays. Certains experts critiquent ce refus des autorités congolaises.

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Lors de manifestations hostiles au M23 et au Rwanda, à Goma (archive)
Lors de manifestations hostiles au M23 et au Rwanda, à GomaImage : Benjamin Kasembe/DW

Les pourparlers de la paix entre la République Démocratique du Congo et les groupes armés à l'est de ce pays qui devaient se tenir en début de semaine à Nairobi, ont été reportés. Mais, ce dialogue entre les deux parties aura lieu sans la rébellion du M23. Celle-ci a déjà pris plusieurs localités dans le Nord Kivu depuis la reprise des combats, et pour certains analystes et acteurs politiques congolais, cela est une erreur de ne pas inviter cette rébellion qui apparaît comme la plus grande menace au pouvoir en place.

A un poste-frontière entre la RDC et le Rwanda (illustration)
A un poste-frontière entre la RDC et le Rwanda (illustration)Image : Alexis Huguet/AFP/Getty Images

"La politique de l'autruche"

Elle l'une des raisons principales qu'avance Kinshasa en écartant toute proposition de pouvoir dialoguer avec le M23: le soutien que ce dernier recevrait de Kigali, même si le Rwanda rejette ces accusations. 

Plus d'une centaine degroupes armés à l'est de la RDC seraient prêts à négocier la paix avec Kinshasa. 

Mais pour Patrick Mundeke, acteur politique basé à Goma, ne pas inviter le M23 ne résout pas la question de l'insécurité qui prévaut depuis plus de 20 ans dans l'est de la RDC : "Kinshasa ne doit pas faire la politique de l'autruche, estime-t-il. [Les autorités cogolaises] doivent nous dire quelle est leur ligne diplomatique. Nous devons être fixés en tant que peuple congolais afin de savoir quelle est l'option levée par notre pays pour enlever cette épine qui est dans notre pied depuis 30 ans".

En fin de cette semaine, si rien ne change, les autorités congolaises devraient rencontrer les autres groupes armés à Nairobi, comme cela a été le cas en avril dernier. 

Martin Fayulu sur la DW

De grands absents à Nairobi

Certains groupes se sont plaints de ne pas avoir été invités : le M23, bien sûr, mais aussi la Codeco, la Coopérative pour le développement du Congo, qui opère dans l'Ituri.

Dans un premier temps, s'asseoir autour d'une table avec la RDC sans le M23 serait peut-être une opportunité manquée, selon Christophe Vogel. Chercheur à l'Université de Gand en Belgique, il note que cela "dépend de l'objectif" des négociations : "Si l'objectif du gouvernement est de négocier avec tel ou tel autre groupe armé, où un accord serait trouvé afin que ce groupe armé arrête de commettre les exactions, cela serait bien évidemment un succès en ce qui concerne ce groupe-là."

La médiation du Kenya

Le fait que le médiateur dans cette crise soit kényan est aussi une autre préoccupation au sein de la classe politique congolaise. Le fait que le Kenya soit membre de la Communauté des Etats de l'Afrique de l'Est où se trouvent déjà le Rwanda et l'Ouganda, qui sont accusés d'agression militaire contre la RDC, a laissé perplexes certains acteurs politiques, notamment Martin Fayulu, récemment interrogé sur les ondes de la Deutsche Welle.

Le président rwandais, Paul Kagame, dans une lettre adressée à Uhuru Kenyatta, l'ancien président du Kenya et l'actuel médiateur dans cette crise, se serait déclaré prêt à demander aux M23 de déposer les armes. Un acte que certains Congolais saluent, en affirmant que cela mettrait fin au conflit.     

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