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RCA : la nuit, les braqueurs font la loi à Bangui

Jean-Fernand Koena
12 octobre 2020

Depuis quelque temps, la criminalité est montée d’un cran dans la capitale centrafricaine, suscitant des inquiétudes au sein de la population.

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Des manifestants à Bangui, la capitale en 2015
Des manifestants à Bangui, la capitale en 2015Image : picture-alliance/AA/H.C. Serefio

La ville de Bangui tourne progressivement la page des violences communautaires dans lesquelles elle était plongée depuis 2013. Les activités économiques reprennent. Mais ces violences communautaires se sont transformés en une hausse de la criminalité, notamment des vols à mains armées. Un problème qui touche en particulier les taxis-motos devenus la cible des braqueurs.

Malgré l’affluence constatée aux heures de pointe, Freddy Sandiaba, un conducteur de mototaxi a vu ses revenus chuter. Car il est obligé de ne plus travailler pour éviter de se faire voler :

Les explications de Jean-Fernand Koena à Bangui

"Nous travaillons et nous gagnons un peu d'argent mais ce n'est pas comme par le passé. Le plus dur, c’est que nous ne travaillons pas au-delà de certaines heures. Nous aimerions travaillons jusqu'à 20h et 21h mais c'est impossible. Quand tu travailles jusqu'à ces heures, on te braque, on te poignarde. On te prend la moto. Je ne suis pas le propriétaire de la moto, je dois travailler et m'arrêter à 18h, or à 18h je peux avoir gagné combien ? Il n'y a pas d'argent dans le pays et en cette période de grandes vacances, on ne gagne pas assez. Nous demandons au gouvernement de placer les forces de sécurité dans le quartier de Damala parce que nous sommes souvent victimes de braquages", soutient le jeune.

Traumatisme

Angoissé, Freddy continue en prenant le risque. Ce qui n'est pas le cas pour Welcome Nganaweï. Traumatisé après plusieurs vols violents, il a abandonné les activités de taxi-moto au profit de la réparation de motos. Assis au bureau de son association à Boy-Rabe, il explique sa reconversion :

"J'ai abandonné les activités parce que j'ai subi des braquages, j'ai vu des armes et mes amis avec qui j'ai travaillé sont morts, on les a tués. Pour certains, on leur a juste volé les motos et ils se sont retrouvés en prison. Au regard de tous cela, je ne peux pas continuer. Donc je m'occupe de la délégation du 4e arrondissement, je répare les motos et je ne veux plus continuer".

Coopération

Un blindé de la Minusca en patrouille à Bangui en octobre 2014
Un blindé de la Minusca en patrouille à Bangui en octobre 2014Image : picture-alliance/AA/H.C. Serefio

La police de la Minusca (la mission de l’ONU en RCA) prend au sérieux le problème et appelle à la coopération de la population pour endiguer ce phénomène. 

"En ce qui concerne la montée des braquages dans la ville de Bangui ces derniers jours, la police de la Minusca continue d'effectuer des patrouilles jour et nuit. Il y a des cas isolés que nous essayons de gérer. A ce propos, nous appelons les habitants à signaler les vols et à donner l'alerte. La population doit prêter main forte aux forces de sécurité intérieure en alertant sur les cas de comportement et d'activités suspectes dans les quartiers, dans les zones et villages", indique le capitaine Mozola Agba,  la porte-parole de cette unité.

Le chômage des jeunes a entrainé un essor de l'activité de taxi-moto après la crise. Mais la recrudescence des vols à main armée en pleine capitale est un problème que ni le gouvernement ni la Minusca ne sont encore parvenus à résoudre.