RCA : derrière les groupes armés, les diamants de sang
3 janvier 2019Selon un groupe d'experts de l'ONU, le trafic de diamants continue à financer les groupes armés en Centrafrique. Un constat partagé par Cresson Beninga, porte-parole du groupe de travail de la société civile :
"Les groupes armés ne reçoivent plus seulement l’argent des commerçants de diamant mais ils deviennent aussi des acteurs. Et pour moi, cette conclusion de l’Onu n’est pas surprenante."
Les groupes armés rejettent de leur côté les accusations des experts onusiens. Le Colonel Djouma Nakoyo, un ancien chef militaire de l’ex-rébellion Seleka, avance comme raison le manque de moyens techniques et financiers nécessaires leur permettant l’exploitation du diamant :
"Le travail du diamant se fait avec de l’argent. Où est-ce que ces groupes vont trouver cet argent pour l’exploiter et financer leurs mouvements ? Ce sont des mensonges."
La société civile confirme les accusations
Cresson Beninga n'est pas surpris par ce démenti auquel il ne croit pas.
"Ce qu'il dit est de bonne guerre. C’est une guerre de communication et il ne peut pas l’avouer. C’est un argument qui tient du point de vue logistique et technique mais le fait de contrôler ces zones leur donne l’opportunité d’avoir un regard sur tout ce qui se fait. Et à partir de là, les groupes armés sont aussi un acteur dans ce commerce."
Les autorités centrafricaines demandent que le processus de Kimberley censé lutter contre les diamants de sang soit revu parce que jugé trop lourd. Comme il met beaucoup de temps à certifier les diamants, certains se tournent vers le marché noir.
Selon Cresson Beninga, "cela impacte effectivement sur le processus et ça débouche sur ce que nous décrions tous : le commerce illicite et illégal de ces pierres précieuses."
Les chiffres évoqués dans le rapport des Nations unies sont en tous cas révélateurs. Les exportations de pierres précieuses profitent plus aux trafiquants et aux groupes armés qu'à la caisse de l’Etat centrafricain.