1. Aller au contenu
  2. Aller au menu principal
  3. Voir les autres sites DW

Au Mali, l’opposition ne décolère pas

Mahamadou Kane
17 avril 2024

Le non-respect des engagements pris par les militaires, sous la pression de la Cédéao, a réveillé un certain nombre de partis et d'organisations qui demandent la fin de la transition.

https://p.dw.com/p/4esJx
Colonel Assimi Goita, président de la transition.
L'argument sécuritaire est régulièrement invoqué par les autorités militaires. Elles ont cependant organisé un référendum en juin 2023 pour doter le pays d'une nouvelle constitution, un projet porté par le régime et approuvé à 97 %.Image : Amadou Keita/REUTERS

Officiellement, la transition était censée prendre fin le 26 mars dernier avec l'organisation d'une présidentielle, mais les autorités maliennes mettent en avant le rétablissement de la sécurité avant d'aller aux élections.

"Le recouvrement de l'intégrité du territoire national et de la souveraineté et les résultats du travail du comité de pilotage du dialogue inter-malien constituent les deux chantiers qui précéderont la fixation de la date de la tenue des élections", a déclaré le Premier ministre, Choguel Kokalla Maïga.

Le Premier ministre a tenu ces propos le 11 avril au lendemain de la suspension par décret présidentiel, et ce, jusqu'à nouvel ordre des organisations à caractère politique. Des propos ont permis de clarifier la position du gouvernement par rapport au retour à l'ordre constitutionnel au Mali.

Priorité à la sécurité

Selon Fousseyni Ouattara, vice-président de la commission défense et sécurité du Conseil national de transition, la fin de la transition a été déterminée dans les recommandations des assises nationales de la refondation tenues en décembre 2021 à Bamako.

Le colonel Assimi Goïta, chef de la transition au Mali
Le colonel Assimi Goïta a pris le pouvoir en renversant le président Ibrahim Boubacar Keïta en août 2020. Il a opéré une réorientation stratégique en se tournant militairement et politiquement vers la Russie.Image : Alexander Ryumin/TASS Host Photo Agency via REUTERS

"C'est-à-dire de 6 mois à 5 ans. Tout va dépendre de l'objectif des atteintes dont nous avons parlé. À savoir, la stabilité du secteur de la sécurité, la stabilité sociale et la stabilité économique. Ce sont des chantiers en phase de réalisation et cela ne doit pas aller au-delà des 5 ans définis par les ANR (Assises nationales de la refondation)", a expliqué Fousseyni Ouattara.

Les arguments des autorités sont rejetés par la majorité des partis politiques et des organisations de la société civile.

Pour Sekou Niamey Bathily de l'ex parti au pouvoir, le RPM (Rassemblement pour le Mali), les arguments mis en avant par les autorités de la transition sont, je cite, « une manière subtile » pour ne pas organiser les élections.

Des élections incertaines

"La Russie vient d'organiser ses élections présidentielles qui ont vu la réélection de Vladimir Poutine pendant que le pays est en guerre contre l'Ukraine. Et là, c'est une guerre conventionnelle. La Russie peut, si elle le veut, la programmer à la fin de la guerre. Chez nous, on ne sait même pas quand est-ce que l'instabilité va finir", a déclaré la secrétaire à l'information et à la communication du RPM.

Pour Sekou Niamey Bathily, lier l'organisation des élections à la fin de l'insécurité est une fuite en avant. "C'est une façon de dire au peuple, nous allons confisquer le pouvoir et nous allons rester au pouvoir éternellement. Nous ne sommes pas dans un royaume et je déplore ce genre de discours. Je rappelle les dirigeants actuels à leur engagement pris devant la communauté nationale et internationale", a-t-il souligné.

Dans deux communiqués différents publiés le 31 mars dernier, plus de 80 partis politiques et organisations de la société civile avaient réclamé l'organisation dans les meilleurs délais d'une élection présidentielle et la fin de la transition.