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Main tendue aux talibans d'Afghanistan

Emmanuel Derville
1 mars 2018

Lors de la Conférence de Kaboul, le président Ashraf Ghani propose de relancer le processus de paix en reconnaissant les talibans comme mouvement politique s'ils acceptent de respecter les lois.

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Afghanistan Sicherheitskräfte nach dem Anschlag in Kandahar
Image : picture-alliance/ZUMAPRESS.com

Les combats en Afghanistan ont fait plus de 10.000 morts l'an dernier et pour tenter de mettre fin au conflit entre la coalition et les talibans , le président afghan, Ashraf Ghani, a dévoilé ce matin des propositions pour relancer le processus de paix. Il a fait son annonce à l'occasion d'une conférence à Kaboul qui a réuni une vingtaine de représentants de pays étrangers.

Afghanistan Kabul Friedens-Konferenz
Conférence de paix à Kaboul, le 28 février 2018Image : Getty Images/AFP/S. Marai

Si le président Ghani tend la main aux insurgés, il pose une condition : que les talibans rompent avec les organisations terroristes étrangères présentes sur le sol afghan, notamment Al-Qaïda.


Le premier pas d'Ashraf Ghani

Pendant des années, Ashraf Ghani refusait de parler aux talibans . Traiter avec l'insurrection passait, selon lui, par le Pakistan où de nombreux chefs du mouvement islamiste sont réfugiés.

Mais ce matin, il s'est montré plus conciliant, allant jusqu'à proposer un cessez-le-feu. Il s'est dit prêt à reconnaître les talibans comme un parti, ce qui leur permettrait d'intégrer le jeu politique à un an de la présidentielle.
Ashraf Ghani a dévoilé des mesures pour gagner la confiance des insurgés : libération de prisonniers, levée des sanctions, octroi de passeports. Pour le chef de l'Etat, la balle est désormais dans le camp des talibans : "C'est une offre que nous faisons sans la moindre précondition afin de parvenir à un accord de paix. J'appelle les combattants talibans ainsi que leurs chefs à prendre une décision. Le choix est désormais entre leurs mains. Acceptez de faire la paix, une paix digne, joignez-vous à nous pour protéger ce pays qui a supporté tant de sacrifices et tant de luttes."

Afghanistan Kabul Friedens-Konferenz
Ashraf Ghani pose des conditions aux talibanImage : Reuters/O. Sobhani
Afghanistan Taliban-Gruppe unterstüzt TAPI-Projekt
Image : DW/S. Tanha

Incertitudes encore

Mais les talibans vont-ils saisir cette main tendue ? Lundi, dans un communiqué, ils ont indiqué qu'ils refusaient de parler au gouvernement pour ne s'entretenir qu'avec les États-Unis.

Pour Omar Samad, ancien ambassadeur d'Afghanistan en France, la relance des pourparlers n'aura lieu que si la communauté internationale fait pression sur les talibans. Dans une interview à DW, Omar Samad affirme ne pas être "convaincu que les talibans seront prêts à accepter ces termes parce qu'ils se voient dans une position militaire assez puissante sur le terrain".

L'ancien diplomate poursuit : "Je pense que ce qui peut changer cette équation ce serait les pressions de la part de certains pays tels que la Chine, l'Arabie Saoudite et même la Russie, pour convaincre les talibans et leur réseau de soutien qu'ils ont au Pakistan d'accepter de commencer à négocier."