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"Les violations des droits de l'homme sont nombreuses"

19 décembre 2018

Le président de l'association congolaise pour l'accès à la justice (ACAJ), invité de la DW ce mercredi, s'inquiète de la dégradation de la situation des droits de l'homme avant le vote de dimanche.

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Georges Kapiamba ACAJ  Demokratische Republik Kongo
Image : DW/W. Bashi

'Le gouvernement doit assurer la sécurité de tous' - Georges Kapiamba - MP3-Stereo

À cinq jours du scrutin de dimanche en RDC, l'Association congolaise pour l'accès à la justice (ACAJ), s'inquiète de la dégradation de la situation des droits de l'homme. Invité ce mercredi sur les ondes de la DW, le président de la structure, Georges Kapiamba, donne des chiffres précis et lance un appel au gouvernement. 

Georges Kapiamba : Nous avons recensé 152 cas de violations des droits de l'homme, enregistrés depuis le lancement de la campagne électorale. On dénombre aussi dix morts et au moins 50 blessés, dont une quarantaine par balles.

Nous profitons également pour rappeler à la Céni que, conformément à l'article 20 des mesures d'application, elle avait l'obligation de publier la liste définitive de tous les électeurs à travers toute la république, au moins de 30 jours avant le lancement de la campagne électorale. Nous l'avons rappelé dans nos courriers directs plusieurs fois. Cela n'a pas été fait.

Nous sommes aujourd'hui à quatre jours de la tenue des élections. Il n'y a pas cette liste, pas d'affichage de la cartographie des bureaux. Candidats, partis politiques, regroupements, observateurs et témoins ne savent pas non plus le nombre de machines qui vont être utilisées, ni même où.

DW : L'ACAJ, votre structure, a prévu de former des observateurs et des témoins, qui seront déployés dans les différents bureaux de vote. Pouvez-vous nous dire exactement quelles sont les stratégies et en quoi consiste cette formation ? Et au niveau sécuritaire, est-ce qu'ils seront protégés éventuellement ?

Georges Kapiamba : Nous espérons qu'avec les observateurs nationaux, il sera possible d'atteindre au moins 70.000 ou 75.000 personnes, ce qui représente à peu près le nombre de bureaux.

Nous avons aussi pris l'initiative, avec la nouvelle société civile et l'Observatoire pour la parité, de faire notre propre observation avec les électeurs.

DW : Ces témoins et ces observateurs seront-ils protégés d'une quelconque manière dans les bureaux de vote ? Est-ce que vous avez déployé quelque chose au niveau sécuritaire ?

Georges Kapiamba : Non, car nous comptions beaucoup sur la présence des observateurs de la Monusco. Mais le gouvernement congolais a refusé totalement l'apport de la Monusco, ce qui fait qu'il va être difficile pour nous de créer une sorte de service de sécurité pour eux. Voilà pourquoi nous insistons pour que le gouvernement prenne des dispositions afin d'assurer la sécurité de tout le monde, de tous les bureaux, afin qu'il ne puisse pas y avoir d'agents du renseignement pour déranger qui que ce soit. On doit laisser les gens travailler. Ceux qui vont utiliser leur téléphone pour prendre les images, qu'ils soient traités avec respect. On ne souhaite pas qu'il y ait du harcèlement dans les bureaux de vote et là nous veillerons sur ça pour que nos gens ne soient pas dérangés.

DW : Vous parlez sécurité. Vous comptiez sur la Monusco. L'Etat congolais a fait savoir que pour ces élections il voulait les gérer de manière interne. Ils ne veulent pas "d'ingérence". Il n'y aura donc pas d'observateurs internationaux. Est-ce que pour vous c'est un réel manque dans ce scrutin ?

Georges Kapiamba : Nous avons été choqués de constater que le gouvernement congolais a fait une déclaration repoussant totalement les observateurs pouvant venir de l'Union européenne comme des Etats-Unis d'Amérique. C'est comme ça que la Céni, qui est censée être indépendante dans l'organisation matérielle, dans tout ce qu'il y a comme élément devant entrer en compte pour les élections, et qui, de par la constitution et la loi est indépendante, a accepté de se soumettre à ses diktats à ses injonctions du gouvernement.

DW : Il y a des craintes. Vous en parlez dans votre communiqué. Vous parlez de répression. Vous citez des cas. Quels sont selon vous à ce stade, à quelques jours du scrutin, les différents cas de figure ? Est ce qu'il y a matière à craindre ?

Georges Kapiamba : Les services de sécurité vont se déployer pour essayer d'intimider. Nous craignons cela. La veille, pendant le vote mais aussi pendant la période de l'attente des résultats.

DW-Redaktion Afrika-Französisch
Wendy Bashi Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welle@WenBash