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Covid-19 : plus de risque pour les descendants de Néandertal

Hugo Flotat-Talon | Avec agences
5 octobre 2020

L'Afrique ne compte quasiment pas de descendants de Néandertal. Or, ceux-ci présentent plus de risques face à la pandémie.

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Neandertaler | Nachbildung im Neanderthal-Museum in Mettmann
L'Homme de Néandertal, ici représenté dans un musée allemand, a vécu en Europe, au Moyen-Orient et en Asie centraleImage : Federico Gambarini/dpa/picture-alliance

La question se pose depuis des semaines : pourquoi l'Afrique s'en sort mieux que d'autres continents face à la pandémie de coronnavirus ? Plusieurs explications ont été avancées, plus ou moins vérifiables. On s'est interrogé sur la pertinence des chiffres officiels. N'étaient-ils pas sous-évalués ? L'argument d'un continent moins exposés aux mobilités internationales a aussi été avancé. 

Aujourd'hui une nouvelle étude apporte des nouvelles connaissances. Celle-ci indique que les humains descendants de l'homme de Néandertal, qui a disparu il y a environ 35 000 ans, sont plus exposés à une forme grave de coronavirus. Or l'homme de Néandertal n'a pas vécu en Afrique. 

Que dit l'étude exactement ? 

Cette étude menée par des scientifiques d'instituts allemands et suédois s'intéresse à l'ADN des humains. Un ADN, nos informations génétiques, qui "codent" par exemple la couleur de nos yeux, de nos cheveux et qui varie selon nos origines, selon nos ancêtres.

Nous avons tous un ADN unique, mais certains groupes de personnes ont certains "morceaux" en communs. C'est le cas des descendants de l'homme de Néandertal, un homme préhistorique disparu il y a 35.000 ans. 

"Les Néandertaliens ont vécu en Europe et en Asie pendant près d'un demi-million d'années avant que l'homme moderne n'entre en Eurasie", raconte Hugo Zeberg, un des auteurs de l'étude, sur la DW. "Et c'est pourquoi les hommes de Néandertal vivent aujourd'hui en nous, pour tous les gens qui ont des racines en dehors de l'Afrique." Ainsi 50% des habitants d'Asie du Sud-Est ou 16% des Européens ont en commun un morceau d'ADN qui vient de l'homme de Néandertal. C'est quasi nul chez les Africains.

Or ce qu'on découvert les auteurs de l'étude, c'est que ce morceau d'ADN favorise donc les complications sévères avec le coronavirus. Quelqu'un qui a ce gène sera plus susceptible d'avoir besoin d'une ventilation mécanique par exemple. 

L'Afrique du Sud est le pays africain le plus touché par la pandémie du coronavirus
L'Afrique du Sud est le pays africain le plus touché par la pandémie du coronavirusImage : picture-alliance/AP Photo/D. Farrell

Quelles conclusions en tirer pour l'Afrique ?

Faut-il ainsi lire que le continent africain connait des situation moins dramatiques avec la pandémie de Covid-19 parce que seulement 2% des Africains auraient un segment d'ADN de Neandertal ?

"C'est peut-être une partie de l'explication, mais je crois que l'aspect le plus important pour lequel l'Afrique est ainsi dans la pandémie est que la population est très jeune", nuance le docteur Hugo Zeberg. "L'âge influe beaucoup le facteur risque. Et de nombreux pays africains ont un âge médian de 18 ans ou 20 ans, alors que l'âge médian dans de nombreux pays européens est supérieur à 40 ans. Donc le continent est plus jeune, et je crois que cela joue un rôle plus important encore que le facteur de risque génétique."

Lire aussi → Coronavirus : la lutte continue... en Afrique aussi

Il n'empêche que ces découvertes peuvent apporter certaines réponses, ou un début de réponse au moins, à des phénomènes particuliers. Au Royaume-Uni, par exemple, il a été remarqué que les Bangladais qui vivent sur place ont deux fois plus de risque de mourir du coronavirus que le reste de la population de l'île. 

Or on sait que 63% des Bangladais ont ce fameux segment de gêne de l'homme de Néandertal, contre 16% des Européens et des Anglais donc.

Quant à savoir pourquoi ce segment d'ADN conduit à de tels phénomènes... Les auteurs de l'étude n'ont pas d'explications précises. Mais les recherches se poursuivent.

La découverte récente pourrait, selon les auteurs de l'étude, aider au développement de futurs médicaments.