1. Aller au contenu
  2. Aller au menu principal
  3. Voir les autres sites DW

Le procès Ben Ali: un soulagement, mais pas seulement

20 juin 2011

Le procès de Zine el Abidine Ben Ali s'est ouvert à Tunis. « Il faut que justice soit faite », mais ce procès n’est qu’un « spectacle » pour l’opinion publique... Voilà ce qu’on entend et ce qu’on lit en Tunisie.

https://p.dw.com/p/RUl7
Image : AP

Le procès de Ben Ali promet d’être long puisque plus de 90 chefs d’accusation pèsent sur l'ancien président tunisien. Mais le dictateur déchu est jugé par contumace; il vit toujours en exil en Arabie Saoudite.

Cinq mois après le renversement de leur dictateur, la majorité des Tunisiens attendent plus qu’une simple mascarade, en l’absence, qui plus est, du principal accusé et de son épouse.

Plus qu'un homme à juger, un système à démonter

Par ailleurs, le clan Ben Ali-Trabelsi symbolise un système et il n’aurait pas pu se maintenir près d’un quart de siècle au pouvoir sans que de nombreux rouages ne le soutiennent.

C’est ce qui fait que non, l’ouverture du procès par contumace de Ben Ali et de son épouse n’est pas seulement un soulagement, pour Omar Mestiri, directeur de la Radio Kalima, à Tunis, et défenseur des droits de l’Homme :

Tunesien Militär Zensur Soldaten Tunis
Un régime féroce.Image : DW

« Ben Ali étant absent, ce procès étant par contumace, il n’y aura pas de véritable impact. Ben Ali n’était pas seul, il avait des milliers de collaborateurs. Nous attendons de voir exposé publiquement le fonctionnement de ce système pour pouvoir mieux le réduire à l’impuissance et mieux nous en prémunir. Là aussi je pense que nous allons rester sur notre faim. »

Des milliers de crimes ont été commis sous l’ère Ben Ali, rappelle Omar Mestiri, qui demande à ce que le président ne soit pas le seul à être jugé.

« L’exigence de justice, ce n’est pas un règlement de comptes, ce n’est pas une chasse à l’Homme. Nous ne pensons pas qu’une volonté politique d’instruire de tels procès préside actuellement chez les autorités. »

Ben Ali nie les faits

Ben Ali a fait dire à ses avocats qu’il récusait toutes les accusations. Il nie notamment avoir fait tirer sur les manifestants qui réclamaient son départ. Omar Mestiri espère que, comme dans le cas de Fujimori au Pérou, la Tunisie sera capable de rendre véritablement justice au peuple, sans faire appel à la Cour pénale internationale. Mais avant tout, il faut selon lui que l’Arabie Saoudite cesse de protéger Ben Ali et accepte de l’extrader. Ce qui ne sera possible que si tous les démocrates tunisiens maintiennent leur pression en ce sens.

***

Si vous êtes intéressé(e) par la Tunisie et le mouvement de protestation qui a renversé Ben Ali, écoutez ci-dessous une interview de Lina Ben Mhenni, une Tunisienne qui a contribué à faire bouger les choses grâce à son blog "A Tunesian Girl". Elle a remporté le premier prix du Concours international de blogs (BoBs) organisé par la Deutsche Welle. Son prix lui sera décerné ce soir, à Bonn, lors de la première journée du Global Media Forum 2011 consacré aux droits de l'Homme.

Auteur: Sandrine Blanchard
Edition: Marie-Ange Pioerron