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Levée de la suspension de la vente de cacao

Julien Adayé
23 juillet 2019

Cela n'aura duré qu'un mois. La suspension de la vente des récoltes de cacao en Côte d'Ivoire et au Ghana a été levée. Mais aucun accord avec les industriels n'a été trouvé.

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Inselstatt São Tomé und Príncipe | Kakaoanbau
Image : M. Graca

La Côte d’Ivoire et le Ghana voulaient peser sur les cours mondiaux et obtenir une meilleure rémunération de leurs producteurs. Le 3 juillet dernier, les acteurs de la filière se sont retrouvés à Abidjan. Au cours de cette rencontre, industriels et négociants se sont vu proposer un mécanisme de compensation des fluctuations de cours.

Eugène Bouadi, responsable d’une coopérative à San Pedro dans le sud-Ouest du pays, explique que la Côte d’Ivoire et le Ghana ne pouvaient pas maintenir aussi longtemps la pression, parce que le cacao est un produit périssable. 

"Je pense que les deux structures ont levé le blocus parce que malheureusement les gens ont fait des stockages dans leurs magasins et ça discutait sans aboutir à un résultat. Donc pour ne pas pénaliser les paysans, les producteurs, ils ont été obligés de lever le blocus pour permettre aux gens de liquider les stocks. Tout en espérant que ça va reprendre pour trouver une solution entre chocolatiers et producteurs."

La levée de cette suspension n’est pas du goût de certains producteurs de cacao, qui estiment qu’ils sont les parents pauvres de la chaîne de production. Sylla Guei, planteur de cacao dans la région de Tabou dans le Sud-Ouest de la Côte d’Ivoire, soutient que les pouvoirs publics avaient à travers cette mesure de suspension une bonne occasion d’améliorer le revenu des paysans. 

"Moi dans ma zone, le kilo est à 500 francs CFA. D’abord ils ne nous ont pas consultés pour pouvoir lever le blocus. Même si, ils sont nos dirigeants, ils pouvaient néanmoins nous consulter. Ensemble on allait essayer de voir. Puisque c’est nous qui souffrons dans la brousse. Je pense qu’ils devraient nous consulter."

La nécessité d'industrialisation 

Si la Côte d’Ivoire est le premier producteur mondial de cacao, ce produit est essentiellement exporté pour être transformé ailleurs. Pour le chocolatier Axel – Emmanuel, il faut passer à une étape supérieure : l’industrialisation de la filière cacao. Seule solution pour améliorer le revenu des producteurs. 

"L’idéal ce serait de passer à la transformation. Parce que nous avons vendu des fèves de cacao depuis plus d’un demi-siècle. Ça ne nous a jamais rien apporté. Aujourd’hui, le mieux c’est de passer à la transformation locale. Parce que c’est là-bas qu’il y’a la valeur ajoutée. Parce que c’est dans la chocolaterie, dans la transformation des produits finis qu’on a plus d’argent. C’est la solution. Le chocolat peut être transformé ici et vendu dans les quatre coins du monde. C’est possible. Celui qui a la matière première et qui la vend pendant qu’il a une matière grise, se plante. On a la matière première ; on a la matière grise autant la transformer localement. Le monde rural porte l’industrie de la chocolaterie. Mais il est à la traine et il est pauvre. Il faut le sortir de la misère à travers des actions concrètes."

Elfenbeinküste Kakao-Produktion
La Côte d'Ivoire est le premier producteur mondial de cacao avec une production d'environ 2 millions de tonnes par an, dont elle ne transforme que moins de 500.000 tonnes. Image : picture-alliance/dpa/L. Koula

En Côte d’Ivoire, ce sont plus de cinq millions de personnes qui vivent du cacao. Mais de nouvelles menaces planent sur la filière. Au rythme actuel de déforestation, la Côte d’Ivoire est en voie de perdre la totalité de son couvert forestier d’ici à 2034. Aux Etats Unis des sénateurs ont demandé au département de la sécurité intérieure de bloquer les importations du cacao ivoirien lié au travail des enfants. Pour mémoire, en 2018, les Etats-Unis ont importé plus de 600 millions de dollars de fèves ivoiriennes. La saga du cacao ivoirien est loin de s’achever.