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L'Argentine reprend le contrôle de son pétrole

18 avril 2012

La presse commente le projet d'expropriation partielle du groupe pétrolier espagnol YPF-Repsol en Argentine. Une opération qui marque une nouvelle étape dans la réappropriation des secteurs clés de l'économie.

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Image : picture-alliance/dpa

Après la Poste en 2003, la distribution de l'eau en 2006, le système de retraites et la compagnie aérienne en 2008, "Terminator Kirchner" a encore frappé un grand coup, estime die tageszeitung. Le journal rappelle que l'expropriation de Repsol s'inscrit dans une stratégie de refinancement de l'Etat, issue de la crise économique de 2001/2002. Depuis cette époque, les gardiens de l'économie de marché n'ont plus le droit de cité en Argentine. Mais les Argentins attendent toujours de voir les fruits des renationalisations.

La Süddeutsche Zeitung note que l'Argentine est plutôt en retard par rapport à ses voisins d'Amérique latine. En Bolivie, Evo Morales a nationalisé le secteur des hydrocarbures dès 2006. Jusque là, 80% des recettes disparaissaient à l'étranger. L'argent récupéré a permis d'assainir les comptes publics et de jeter les bases d'un système social dans un pays qui n'avait jamais connu autre chose que la loi du plus fort. Ce qui est remarquable, c'est que les groupes pétroliers privés sont quand même restés en Bolivie: la soif de l'or noir était trop forte et les gains encore satisfaisants. On peut donc s'attendre, d'après le journal, à ce qu'ils fassent de même en Argentine.

Christina Fernandez de Kirchner, présidente de l'Argentine
Christina Fernandez de Kirchner, présidente de l'ArgentineImage : AP

La Frankfurter Allgemeine Zeitung décrit les étapes de la prise de contrôle de la société YPF, qui expliquent sans doute la réaction de Madrid. Dès lundi, l'Etat avait installé un contrôleur public aux manettes de l'entreprise. Dans le même temps, Christina Kirchner déposait un projet de loi visant à transférer 51% du capital de la filliale de Repsol à l'Etat, ce qui incluait de facto l'expropriation des actionnaires de Repsol. Alors que la présidente argentine exposait son plan au palais présidentiel, poursuit le journal, des représentants du gouvernement se présentaient au siège d'YPF à Buenos Aires et obligeaient une vingtaine de cadres dirigeants de la société à ramasser leurs affaires et à quitter les lieux...

Pour la F.A.Z., la nationalisation d'YPF est une étape fatale qui ne fait que des perdants. En s'enfermant dans une politique protectionniste et hostile au secteur privé, Christina Kirchner fait fuir les investisseurs et nuit à la réputation déjà fragile du pays. Pour l'Espagne, qui est déjà sous pression en Europe à cause de la crise économique, les conséquences sont également désastreuses : l'engagement en Amérique latine était l'un des rares piliers de son économie.

Auteur : Anne Le Touzé
Edition : Cécile Leclerc