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L'Allemagne aux couleurs de la Jamaïque

Anne-Julie Martin / Carine Debrabandère12 octobre 2009

La Sarre se dirige vers une coalition jamaïcaine, verte-jaune-noire, c'est-à-dire composée des écologistes, des libéraux et des chrétiens-démocrates. Les Verts ont décidé d'opter pour cette configuration.

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En Allemagne le jaune représente les libéraux, le noir les chrétiens-démocrates et bien sûr le vert les écologistesImage : dpa - Bildfunk

Si cette alliance se fait, Oskar Lafontaine en sera l'instigateur, estime die Welt. Car l'annonce soudaine du dirigeant de die Linke, transfuge du parti social-démocrate, de vouloir rester fidèle au parlement régional de la Sarre a fait fuir immédiatement les Verts pour les pousser dans les bras de la droite. Une coalition jamaïcaine, ce serait du jamais vu. C'est pourquoi il s'agit d'un temps fort dans l'histoire du paysage politique allemand.

Oskar Lafontaine est la bête noire de Hubert Ulrich, le leader régional des Verts, explique la Süddeutsche Zeitung. Tout comme dans le monde du travail en général, les animosités personnelles peuvent conduire à des décisions irrationnelles, parfois même fatales. En Sarre, cette réaction de rejet va probablement empêcher la formation d'une alliance naturelle des Verts avec les sociaux-démocrates et la gauche radicale. La gauche radicale où c'est la bagarre en ce moment. Cette bagarre fait oublier que la CDU, le parti-chrétien démocrate, a essuyé une sévère défaite en Sarre. Pendant ce temps les Verts peuvent faire des va-et-vient entre la droite et la gauche et modifier les modèles politiques du pays.

Pour la tageszeitung, les écologistes risquent ici leur plus grand atout : leur crédibilité. Une crédibilité sacrifiée au profit du pouvoir. Comment veulent-ils donc exercer une politique d'opposition au niveau fédéral, si une alliance avec la chancelière Angela Merkel et le vice-chancelier pressenti Guido Westerwelle est possible à l'avenir ? Les stratèges du parti sont visiblement bien cyniques et éloignés de leur propre histoire – ce qui n'est pas le cas de la majorité des partisans. Il y a probablement plus d'électeurs Verts qui considèrent appartenir à un camp politique que ne l'imagine la direction du parti. S'il les perd tous, il passera là où il ne veut justement pas passer : sous le giron des conservateurs et des libéraux.

La Saarbrücker Zeitung, enfin, se montre sceptique quand au fonctionnement d'une telle coalition à trois. Les Verts n'ont plus de moyens de pression. Ils peuvent désormais abandonner l'idée d'un changement dans la région, car ils devront bien servir leurs deux partenaires. Pas sûr que l'expérience jamaïcaine fonctionne !