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L'AfD profite d'un sentiment de "ras-le-bol"

Philippe Pognan5 septembre 2016

L'AfD, l'Alternative pour l'Allemagne, parti populiste de droite, avait centré sa campagne électorale sur la problématique de l'intégration du million de demandeurs d'asile, arrivés l'an dernier en Allemagne.

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Deutschland Berlin Pressekonferenz AfD Petry und Holm
Image : Reuters/H. Hanschke

La Berliner Zeitung rappelle la principale raison du succès de l'AfD (Alternative für Deutschland): "En 2015, ce parti a changé habilement d'orientation. La monnaie unique européenne, l‘Euro, n'est plus à son agenda, aujourd'hui l'AfD mobilise ses électeurs sur la seule peur de l'étranger, sur la xénophobie. Sa solution: la fermeture, le repli sur soi-même. Celui qui aujourd'hui vote pour l'AfD ne vote pas pour un parti existant réellement. Il vote bien plus pour la protestation, pour un sentiment. Aucun parti établi, aucun parti honnête ne fait croire aux gens qu'il peut les protéger de tous les aléas et incertitudes que réserve la vie. Mais, conclut le quotidien berlinois, c'est exactement ce que fait l'AfD!"

Pour la Frankfurter Allgemeine Zeitung, il existe encore d'autres raisons au succès de l'AfD: "Ce n'est pas seulement la chancelière que les électeurs rejettent, mais une politique d'éternels compromis, dans le cadre de la mondialisation, avec des traités tels que le TTIP ou l’acoord CETA, ou bien dans les négociations et les marchandages avec la Turquie, par exemple. La colère qui se nourrit du sentiment de ne pas être compris ne vise pas un seul parti traditionnel, mais tous les partis établis. Qui pense ne pas devoir prendre cette colère au sérieux, en fera les frais!“, avertit la FAZ.

Deutschland Landtagswahl Mecklenburg-Vorpommern
Leif-Erik Holm , tête de liste du parti AfD lors des élections régionalesImage : Reuters/J. Herrmann

Commentant les nombreuses réactions désobligeantes à l'égard de ceux qui ont voté pour l'AfD, la Märkische Oderzeitung, quotidien de l'est de l'Allemagne, est convaincue qu'offenser un cinquième de la population parce qu'ils ont choisi le mauvais parti, cela ne suffira pas!"

"C'était une petite élection régionale, de prime abord sans importance, mais elle s'est déroulée un an seulement avant les grandes élections, les plus importantes: les législatives", relève die Welt. "Après une médiocre campagne électorale, le parti AfD a réussi à obtenir des résultats vraiment impressionnants. Pourquoi?, se demande l'éditorialiste avant de répondre : eh bien, parce que la concurrence politique, une grande partie de la société civile moralisatrice, mais aussi de nombreux médias ont trop diabolisé ces populistes de droite, les comparant à des figures historiques, et en en faisant ainsi, involontairement, des héros !"

Deutschland Landtagswahlen Mecklenburg-Vorpommern AfD Anhänger
Des partisans de l'AfD à Schwerin lors de la publication des résultats de l'élection régionale dans le Land du Mecklembourg-Poméranie occidentaleImage : Reuters/J. Herrmann

Autre thème: les relations germano-turques

Le rapprochement qui se dessine entre la Turquie et l'Allemagne après des semaines de froid entre Ankara et Berlin fait aussi l'objet de nombreux commentaires dans les journaux. À l'issue d'un entretien avec le président turc Recep Tayyip Erdogan, en marge du sommet du G20 en Chine, la chancelière allemande s'est déclarée optimiste quant au règlement des questions qui troublent les relations de Berlin et Bruxelles avec Ankara.

Angela Merkel a d'une part déclaré s'attendre à voir réglée prochainement une querelle bilatérale avec la Turquie, qui refuse l'accès des élus du Bundestag à la base militaire d'Incirlik; où environ 250 militaires allemands sont actuellement stationnés, dans le cadre de la campagne internationale contre le groupe Etat islamique. D'autre part, un compromis aurait été trouvé dans le différend sur l'exemption de visa de voyage pour les Turcs se rendant dans l'UE.

Türkei Bundeswehr Luftwaffenstützpunkt Incirlik
Un Tornado de la Bundeswehr, l'une des unités de la Luftwaffe déployée sur la base turque d'IncirlikImage : Bundeswehr/Falk Bärwald/dpa

Le quotidien die Welt, citant des sources gouvernementales turques, rapporte que la Turquie accepte que cette exemption de visa, une des clauses de l'accord conclu en mars sur les réfugiés, soit repoussée à la fin de l'année.

"Le fait qu'en coulisse des diplomates aient recherché activement une solution commune, montre qu'au delà des dissensions publiques, il existe encore une relation de travail qui fonctionne, relève la Frankfurter Rundschau

"Les relations avec la Turquie ne seront un succès que si Erdogan s'en tient aux règles dans ses rapports avec ses partenaires et alliés", souligne la Süddeutsche Zeitung. "Mais ce serait encore un plus grand succès s'il respectait aussi les normes de l'Etat de droit avec ses adversaires en Turquie même... Les partenariats de la Turquie avec l'UE et l'OTAN reposent sur des valeurs fondamentales, et les responsables politiques turcs ont eu le temps de réfléchir à ce que cela signifierait pour leur pays, s'ils se désolidarisaient de cette communauté de valeurs, souligne la SZ.

China G20 Gipfel in Hangzhou - Merkel & Erdogan
Poignée de main germano-turque lors du sommet du G20, le 4 septembre 2016Image : picture-alliance/Anadolu Agency/M.A. Ozcan