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La police ivoirienne se forme à la gestion des élections

Julien Adayé
12 juin 2020

Le fondation Konrad Adenauer forme des officiers de police ivoiriens pour éviter les répressions violentes pendant le processus électoral d'octobre.

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La police ivoirienne dispersant des manifestants en octobre 2016, venus protester contre le projet de nouvelle Constitution
La police ivoirienne dispersant des manifestants en octobre 2016, venus protester contre le projet de nouvelle ConstitutionImage : picture-alliance/dpa/L. Koula

En Côte d’Ivoire, les manifestations de l’opposition sont souvent violemment réprimées par la police nationale.  A cela, s’ajoutent les bavures policières assez fréquentes, notamment lors des contrôles routiers.

Tout cela a créé une crise de confiance entre les policiers et la population. C’est pour permettre aux fonctionnaires de travailler de façon professionnelle avant, pendant et après les élections que les officiers de police des zones Sud, Est, Centre et Ouest sont formés à la gestion d’une élection sans violence en 2020.

La police ivoirienne se prépare aux élections : écoutez le sujet de notre correspondant à Abidjan

Arthur Banga, enseignant-chercheur à l’université Houphouët-Boigny à Abidjan, a ouvert la formation en expliquant son objectif :
"Aujourd’hui, il faut éviter des élections avec encore des violences en Côte d’Ivoire, pour qu’on arrive à avoir des élections apaisées et tranquilles. Et voilà pourquoi nous avons initié ce séminaire." 
Un enjeu d'autant plus important que les violences post-électorales de 2010-2011 sont encore dans toutes les mémoires. Toussaint Kounouho, chargé de programme à la fondation Konrad Adenauer :
"Dans le cadre des élections à venir, il est important pour la fondation Konrad Adenauer de former les forces de sécurité publique de sorte à renforcer leurs capacités sur les questions de prévention, de violences électorales mais aussi celles liées à la maîtrise des enjeux des élections à venir."

Relations tendues avec la population
Or, pour Nadia Nata, ancienne fonctionnaire à l’Union africaine et experte en matière d’observations électorales en Afrique, parvenir à organiser des élections dans les règles permettrait d'éviter de nombreux conflits :
"La première source de conflits sur le continent africain vient des élections. A partir de ce moment, il vaut mieux prévenir que guérir. Cela signifie sensibiliser les différentes catégories d’acteurs, dont les forces de sécurité, qui ont un rôle à jouer dans la sécurisation du processus électoral."

Ces derniers temps, à la faveur du couvre-feu instauré au début de la pandémie de coronavirus, des policiers ont violenté et humilié des Ivoiriens en les déshabillant et en les filmant avec leurs téléphones portables avant de diffuser les images sur les réseaux sociaux. 

Ces images ont laissé des traces auprès des Ivoiriens qui disent avoir peur de la police.

"Avec la police, il y a la répression´, explique cet habitant d'Abidjan. Et les gens abusent. On souhaite que la police protège les citoyens"

Pour un autre habitant, "certains policiers font preuve d’un zèle démesuré dans l’exercice de leurs fonctions."

Les images terribles de 2011 sont encore dans tous les esprits
Les images terribles de 2011 sont encore dans tous les espritsImage : AFP/Getty Images/I. Sanogo

Regagner la confiance

Les participants que nous avons interrogés espèrent tous qu’avant l’élection présidentielle d’octobre prochain, ils réussiront à regagner la confiance de la population :

"Cette formation a une importance capitale pour nous les officiers de police. Dans la mesure où aujourd’hui, dès qu’on nous voit, on a l’impression que nous allons infliger de la violence gratuite aux populations. Alors que nous serons bientôt dans les enjeux d’une élection."

En Côte d’Ivoire, la population n’a pas oublié les violences de l’élection présidentielle de 2010 qui ont causé la mort d’environ 3.000 personnes. D'autres violences ont aussi émaillé les élections locales en 2018.