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La Centrafrique replonge dans des violences interreligieuses

Julien Adayé
2 mai 2018

Bangui, la capitale centrafricaine, a connu une nouvelle flambée de violences mardi 1er mai après l'attaque, par des hommes armés, d'une église située non loin du quartier musulman du PK5.

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Zentralafrikanische Republik Freilassung von Kindersoldaten
Image : Reuters/E. Braun

Le bilan est lourd : au moins 16 morts et 99 blessés, selon la Croix-Rouge centrafricaine. Ce climat électrique fait craindre un embrasement comme au début de la crise qui secoue le pays depuis 2013.

Thierry Vircoulon, de l’Institut français des relations internationales et spécialiste de la région des Grands Lacs, rentre de RCA. Il nous raconte : "On est, en effet, dans une situation maintenant où n’importe quel incident de sécurité peut dégénérer. C’est ce qui s’est passé. Au départ, ce qui a motivé l’attaque contre l’église de Fatima, c’était en fait un des miliciens du groupe de Force qui aurait été arrêté ou blessé par les forces de sécurité. Et ça a déclenché cet événement. Il faut aussi dire qu'après, la foule s’en est prise à la mosquée de Lakouanga, qui a été attaquée en représailles." 

"Un pas en arrière"

Aller dans un lieu de culte pour porter atteinte à la vie des personnes en prière est une provocation et un recul du processus de paix et de cohésion sociale, soutient l’ancienne ministre de la Réconciliation nationale, Antoinette Montaigne : "C’est un pas en arrière. Mais cette résurgence de la violence n’est que le reflet d’une crise qu’on n’arrive pas à lire. Les attaques des lieux de culte ont commencé en 2013 et n’ont jamais vraiment cessé. C’est vraiment important de se ressaisir, de ne pas tomber dans les provocations et de dire que cette crise, elle a beaucoup de facettes complexes et ce n’est pas le moment d’aller s’en prendre à des innocents qui n’ont rien fait."

La Minusca pointée du doigt 

Thierry Vircoulon explique par ailleurs que depuis le début du mois d’avril, il y a un regain de tension à Bangui, la capitale centrafricaine, suite à une opération de la MINUSCA contre les miliciens du PK5 dans le quartier commercial de Bangui qui a échoué. "Il y a un problème fondamental avec la MINUSCA qui est la qualité de ses troupes. Elle a des troupes d’une très très mauvaise qualité", observe-t-il. 

 

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Parmi les personnes tuées dans l'attaque figure un prêtre très estimé à Bangui, l'abbé Albert Toungoumalé-Baba. La foule en colère a transporté le corps de l'abbé défunt vers la présidence. Ces images ont fait le tour des réseaux sociaux.