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Ituri : les décapitations de trop

18 juillet 2019

A Bunia, des jeunes ont manifesté mercredi pour dénoncer le cycle de violence qui affecte cette région de la RDC. Ils étaient nombreux à descendre dans la rue en brandissant la tête d'une jeune femme décapitée à Mwanga.

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Kongo, Massaker in der nordöstlichen Ituri Provinz, Massengrab
Image : AP

"On ne considère pas la vie des gens en Ituri" (Dieudonné Lossadhekana, coordonateur ad interim de la société civile)

Les faits remontent à mardi, dans le groupement de Magalabo. Huit personnes qui se sont rendues aux champs pour récolter des haricots ne sont jamais revenues. Leurs proches inquiets se sont renseignés. C'est en se rendant sur place, mercredi qu'ils ont découvert la scène macabre; des corps, sans vie, décapités !

"Hier matin, quand nous avons été informés de la situation, nous nous sommes rendus sur les lieux avec l'armée au niveau de la rivière Shari", raconte Innocent Cwiunya'Ayumirambe, le représentant légal de la famille éprouvée, qui appartient à la communauté Alur. "Nous avons trouvé cinq corps que nous avons ramenés avec nous. Ils sont actuellement à la morgue de l'hôpital général de Bunia. Il y a deux filles et trois garçons, tous décapités, sans tête." confie Cwiunya'Ayumirambe.

Une vidéo a tourné sur les réseaux sociaux, montrant la foule qui défilait dans les rues en brandissant les têtes tranchées, pour dire son ras-le-bol. Les habitants de Bunia s'interrogent sur l'indifférence du pouvoir à Kinshasa, alors qu'ils font face depuis des années à des violences dans la région.

C'est ce que pense Dieudonné Lossadhekana, coordonateur par interim de la société civile de l'Ituri. "C'est horrible ce qui se passe en Ituri. Les gens n'accordent pas d'importance, ils ne font pas ce qu'il faut pour arrêter ce qui se passe ici. C'est ainsi que quand les gens ont constaté encore des morts après le passage du chef de l'Etat, les gens se disent que si on peut continuer à mourir comme ça, on a tendance à penser qu'il n'y a aucun sérieux dans toutes les mesures qui sont prises. On n'accorde aucune importance à la vie des gens en Ituri," déplore Dieudonné Lossadhekana.

De leur côté, les autorités de la ville de Bunia insistent sur le fait que des moyens sont mis en place pour endiguer ce cycle de violence. Le gouverneur de la ville, Jean Bamanisa Saidi, pointe du doigt une secte, la CODECO. Elle serait, selon lui, à l'origine de ces dernières atrocités. "Il y a l'armée qui opère contre cette force qui semble être organisée dans la forêt de Wago mais entre-temps, il y a toute une force qui s'est disséminée dans différents villages dans le territoire de Djugu, qui est basée sur une doctrine mystico-religieuse qu'on appelle CODECO et qui est la branche spirituelle de ce groupe armé."

Les habitants de Bunia, eux, continuent à vivre dans la peur et dans l'attente d'une paix durable qui semble être bien loin de s'installer.

 

 

DW-Redaktion Afrika-Französisch
Wendy Bashi Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welle@WenBash