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"Le pouvoir d'Alpha Condé est illégal" (C. Dalein Diallo)

Bangaly Condé
12 mai 2021

Interview avec Cellou Dalein Diallo, le président de l’Union des forces démocratiques de Guinée (opposition).

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Notre invité de la semaine est Cellou Dalein Diallo le président de l’Union des forces démocratiques de Guinée.

L'UFDG compte toujours plusieurs partisans en détention dans la foulée de la dernière élection présidentielle controversée qui a vu la réélection du président Alpha Condé à un troisième mandat. 
Cellou Dalein Diallo conteste toujours la victoire de ce dernier et revient sur la situation socio-politique en Guinée au micro de notre correspondant à Conakry Bangaly Condé.

Les manifestatoins de l'opposition ont été réprimées durant la période électorale de 2020 en Guinée
Les manifestatoins de l'opposition ont été réprimées durant la période électorale de 2020 en GuinéeImage : John Wessels/AFP/AFP/Getty Images


Depuis l’élection présidentielle du 18 octobre 2020, vous n’avez pas pu quitter la Guinée. Vous avez été empêché par deux fois de prendre l’avion. Votre passeport a même été confisqué, il y a quelques semaines, alors que vous étiez en partance pour prendre part aux obsèques d’Ahmed Bakayoko. Pourquoi le pouvoir vous empêche-t-il de sortir du pays ? 

D’abord il faut dire que c’est un empêchement qui ne repose sur aucune décision de justice ni sur aucun acte administratif. La dernière fois, j’étais déjà dans l’avion lorsque la police des frontières est entrée dans l’appareil pour me notifier que je n’avais pas le droit de voyager. Alors que j’avais accompli toutes les  formalités de police et de douanes.

Mais ce n’est pas grave, je suis empêché de voyager mais je continue de jouir de ma liberté à l’intérieur du territoire national. Ce qui est grave, c'est qu’il y a 51 personnes qui ont été battues alors qu’elles manifestaient leur joie à la suite de l’annonce des résultats. 51 personnes dont quatre sont mortes en prison faute de soins. Le pouvoir se met de plus à nier l’existence de ces crimes. C’est ce qui est plus révoltant que la privation du droit de voyage. 

Plus de 400 militants de l’UFDG dont l’un de vos vice-présidents sont en prison à Conakry pour avoir revendiqué votre  victoire au lendemain du scrutin présidentiel. Avez-vous pu les voir dans la prison centrale de Conakry?

J’ai été privé aussi de ce droit de rendre visite à mes collègues en prison. Même quand un d’entre eux a été hospitalisé je suis allé à l’hôpital pour le rencontrer et je n’ai pas pu accéder à sa cabine. On les accuse de fabrication et de détention d’armes de guerres. On les accuse aussi d’atteinte à la sécurité intérieur de l’Etat sans aucune preuve. On les arrête et on les séquestre.   

Des opposants sont toujours en prison en Guinée
Des opposants sont toujours en prison en GuinéeImage : Cellou Binani/AFP

Le siège de votre parti est fermé vous n’arrivez plus à tenir vos réunions dans vos bureaux. Que comptez-vous faire pour que cela change ? Est-ce que cet état de fait n’affaiblit pas l’UFDG ?

Oui sans doute alors qu’Alpha a décidé d’organiser son hold-up électoral, il a voulu en même temps priver l’UFDG de moyens et de locaux.  Il a donc envoyé des agents des forces de défenses et de sécurité occuper ces endroits. Cela aussi sans aucune décision de justice sans un acte administratif comme toujours.

Cela nous a gênés au début mais par la suite, très rapidement, nous avons pu utiliser les techniques modernes pour organiser nos réunions et garder le contact avec nos fédérations et nous avons pu organiser des assemblées générales virtuelles qui ont connu des audiences aussi grandes à l’intérieur qu'à l’extérieur du pays. Des centaines de milliers de personnes ont pu suivre nos assemblées virtuelles.
 
Vous n’avez toujours pas reconnu la victoire d’Alpha Condé mais est-ce que vous êtes prêt à dialoguer avec lui ?

Le dialogue est rompu entre Alpha Condé (à gauche) et Cellou Dalein Diallo
Le dialogue est rompu entre Alpha Condé (à gauche) et Cellou Dalein DialloImage : Carol Valade and Seyllou/AFP/Getty Images

Il faut reconnaître qu’Alpha Condé tente d’exerce un pouvoir qu’il na pas acquis dans les urnes mais aussi un pouvoir qui est illégal au regard de la Constitution qui avait précédé son élection en 2010.

En 2015, il a prêté serment de respecter et de faire respecter cette Constitution qui stipulait que nul ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs. Donc il exerce un troisième mandat qui est illégal parce qu'il n’est pas conforme à la Constitution sur laquelle il a juré.  

Il n’a pas de légitimité parce qu’il a perdu dans les urnes. Nous réclamons notre victoire, celle du candidat de l’ANAD et de l’UFDG dès le premier tour avec des preuves à l’appui donc c’est un hold-up électoral.

Est-ce que je peux dialoguer avec lui? D’abord il faut chercher les sources du conflit. L’origine de la crise qui sévit en Guinée. C’est parce que la Constitution est violée, c’est parce que les lois de la République non pas été respectées. C’est parce que le suffrage des Guinéens a été volé.

Est-ce qu’on pourra toujours continuer à soutenir ces violations récurrentes de la Constitution, des lois de la République et des suffrages des Guinéens? Non.  En tant que démocrate je ne peux pas cautionner valider ces résultats absolument faux - j’en ai toutes les preuves que ces résultats ont été proclamés par une Cour constitutionnelle inféodée et une CENI dévouée à Alpha Condé.   

Caricature de Meddy Jumanne pour la présidentielle en Guinée
Caricature de Meddy Jumanne pour la présidentielle en Guinée

En dehors de l’Internationale libérale dont vous êtes le vice-président, qui a dénoncé votre empêchement de quitter le territoire, on n’a pas entendu les organisations comme la CEDEAO sur ce dossier. Dans quelle mesure les organisations africaines peuvent-elles intervenir dans la crise politique en Guinée ?

La CEDEAO  et l’Union africaine disposent des instruments qui leur ont permis de réagir. Vous avez au niveau de la CEDEAO le Protocole sur la bonne gouvernance et la démocratie. Au niveau de l’Union africaine, vous avez la Charte de la démocratie des élections et de la bonne gouvernance.

La CEDEAO et l’Union africaine n’ont pas utilisé ces instruments pour amener le pouvoir de Conakry à respecter ses engagements internationaux malheureusement.