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Guinée : Alpha Condé investi pour un mandat contesté

La rédaction francophone
15 décembre 2020

Le président guinéen entre officiellement en fonction ce mardi. L’opposition continue de lui dénier ce troisième mandat. Elle appelle à manifester ce mardi.

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Alpha Condé entame un mandat de six ans, renouvelable une fois
Alpha Condé entame un mandat de six ans, renouvelable une foisImage : Facebook/Alpha Condé

Le président guinéen Alpha Condé va entamer un troisième mandat de six ans dès ce mardi. Il s’agit du premier mandat de la quatrième République, comme l’affirment les soutiens du président guinéen.

Des dirigeants africains sont annoncés à Conakry pour l’investiture d’Alpha Condé. Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d’Etat auprès du ministre des Affaires étrangères va représenter la France.

Début décembre, l’agence France presse a cité une correspondance dans laquelle le président français Emmanuel Macron adressait ses "vœux de succès" à son homologue guinéen. Emmanuel Macron s’est abstenu cependant de féliciter Alpha Condé. Il "a organisé un référendum et un changement de la Constitution uniquement pour garder le pouvoir", avait dit le président français à l’hebdomadaire Jeune Afrique.   

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"Je ne suis pas prêt à renoncer à ma victoire" (Cellou Dalein Diallo)

« Etat de siège »

Après le référendum de mars dernier qui a validé une nouvelle Constitution, la voie s’ouvrait au président guinéen, 82 ans, de briguer un troisième mandat. Alpha Condé a été déclaré élu au premier tour du scrutin présidentiel du 18 octobre boycotté par une partie de l’opposition. Le président sortant a recueilli plus de 59% des suffrages. Une victoire confirmée par la Cour constitutionnelle.  Mais son principal challenger, l’opposant Cellou Dalein Diallo, assure que c’est bien lui qui a remporté le scrutin. Il dénonce une fraude.

"J’ai pu obtenir les copies de tous les PV (procès-verbaux) des quinze mille bureaux de vote. Je ne suis pas prêt à renoncer à ma victoire", dit-il à la DW.  

Le leader de l’UFDG fait savoir qu’il est difficile de manifester à cause d’un "état de siège dans lequel nous visons notamment dans la capitale (Conakry) et dans mes fiefs". Le front national de défense de la Constitution (FNDC) appelle à manifester ce mardi. Dans un texte en date du dimanche (13.12), le FNDC a dénoncé un coup d’Etat constitutionnel. Depuis octobre 2019, le FNDC s’oppose au troisième mandat d'Alpha Condé. Ce regroupement d’acteurs de la société civile et de l’opposition a invité les opérateurs économiques et les sociétés implantées en Guinée à "s’abstenir de toute activité" ce mardi, jour de l’investiture d’Alpha Condé. Le FNDC a aussi invité les forces de l’ordre à ne pas tirer sur les "honnêtes et dignes citoyens pro-démocratie".

Les manifestations contre le troisième mandat d’Alpha Condé ont été durement réprimées
Les manifestations contre le troisième mandat d’Alpha Condé ont été durement réprimées Image : John Wessels/AFP

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Justice pour les victimes

Des dizaines de femmes de l’opposition ont manifesté dans la banlieue de Conakry lundi, malgré l’interdiction de la marche. Elles ont réclamé justice pour les victimes des violences politiques. Au moins 85 personnes ont été tuées lors de manifestations contre le troisième mandat d’Alpha Condé. Les manifestations ont été durement réprimées.

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Dans un communiqué publié vendredi (11.12), l’ONG Human Rights Watch a constaté que "des dizaines de leaders de l’opposition, de partisans et d’autres personnes perçues comme proches de l’opposition sont emprisonnés, faisant l’objet d’accusations qui semblent être motivées par des raisons politiques". L’ONG a exprimé le soupçon que "le gouvernement instrumentalise la crise sanitaire comme excuse pour réprimer la dissidence et bafouer les droits humains". Conakry a en effet annoncé l’interdiction des manifestations politiques dans tout le pays jusqu’à nouvel ordre en invoquant la crise de Covid-19.