Google en froid avec Pékin
15 janvier 2010Google a dit tout haut ce que nombre d'entreprises engagées sur le marché chinois n'osent exprimer. La firme américaine a justifié sa menace en disant qu'elle ne voulait plus cautionner la censure chinoise. Tout moteur de recherche qui souhaite être utilisé en Chine doit en effet accepter d'incorporer un filtre qui va écarter certains sites. Par exemple : le site du Dalai Lama ou du gouvernement tibétaine en exil.
C'est donc un premier argument grâce auquel Google s'est rallié la sympathie des défenseurs des droits de l'homme et aussi celle du gouvernement américain qui plaide pour une plus grande liberté d'Internet en Chine.
Attaque informatique
Par ailleurs, la firme de Mountain View a annoncé avoir été la victime d'une "attaque très sophistiquée venant de Chine" Une attaque qui s’est soldée par le vol des codes de sécurité des messageries électroniques Gmail utilisée par des militants des droits de l'homme chinois.
Tout cela rappelle une autre attaque d'envergure, en avril dernier, qui a consisté à placer des logiciels espions sur un millier d'ordinateurs dans le monde, dont ceux du Dalai-Lama, de correspondants en Chine ou bien de diverses ambassades.
Espionnage numérique
Cette similitude fait que de nombreux experts décrivent l'émergence d'une forme moderne d'espionnage dont ces attaques informatiques seraient l'illustration. "Ce qui a changé c'est que l'information n'est plus physique", explique Miko Hyppönen, dirigeant de la société finlandaise de sécurité informatique F-Secure. "Les techniques de James Bond consistant à s'introduire dans une organisation pour y copier des documents sont dépassées. Désormais, ces informations sont des données informatiques qui peuvent être accessibles partout dans le monde. Cela signifie que l'espionnage est devenu numérique."
400 millions d'Internautes
Mais au-delà des déclarations spectaculaires de Google, il est néanmoins peu probable que l'entreprise américaine renonce à un marché de près de 400 millions d'internautes. En effet, le nombre d'usager chinois a augmenté de près d'un tiers en 2009 pour atteindre 385 millions de personnes. C'est ce qu'a annoncé aujourd'hui le Centre chinois d'information sur Internet.
A elle seule, la taille de ce marché, dont Google détient environ le tiers, peut donc laisser douter de la volonté de retrait manifestée par l'entreprise américaine. Car s'il mettait ses menaces à exécution, Google laisserait le champ libre à son concurrent Microsoft qui pour l'instant a semblé s'accommoder de la censure chinoise. Sans parler du moteur de recherche chinois Baidu qui détient déjà à lui seul 60% du marché.
Auteur : Jean-Michel Bos
Rédaction : Konstanze von Kotze