Force reste à la loi...
25 novembre 2010Elle était déchaînée, titre la Frankfurter Allgemeine Zeitung, au sujet de la chancelière Angela Merkel. Avec aplomb, faisant preuve de répartie, elle ne s'est pas contentée d'anônner son programme de gouvernement mais s'est donnée la peine d'expliquer en termes simples des choses compliquées. Après des années passées à tergiverser, à attendre, Angela Merkel s'est lâchée. Au lieu de sombrer dans le marécage des luttes intestines de sa coalition, la chancelière a repris pied. La grande victime du débat d'hier a été le parti social démocrate analyse la Süddeutsche Zeitung. Hier, dans l'hémicycle, le principal parti d'opposition semblait ne jouer aucun rôle. Ni la chancelière, ni Birgit Homburger, la présidente de la fraction parlementaire des Libéraux, ne se sont données la peine de vraiment répondre aux critiques du SPD. Au lieu de ça, elles se sont concentrées sur les Verts, le plus petit parti des trois membres de leur opposition, mais aussi le plus divertissant. Ignorés même jusque sur les bancs du Parlement, il n'y a pas pire camouflet pour les sociaux-démocrates.
Karlsruhe dit halte aux OGM !
Le quotidien de Munich revient aussi en Une sur le jugement du Tribunal Constitutionnel de Karlsruhe qui applique un corset de fer à l'utilisation du génie génétique dans l'agriculture allemande et limite pour longtemps les activités de ce lobby. Un jugement sans équivoque, salue la Tageszeitung. Si des plantes génétiquement modifiées semées dans le champ d'un paysan migrent et passent dans le champ du voisin, c'est le propriétaire du champ à OGM qui devra payer les dommages éventuels. Ce jugement constitue une fin de non recevoir aux désirs du lobby de l'industrie génétique qui voulait voir supprimée cette clause de la législation allemande sur les OGM. Heureusement que les juges n'ont pas cédé. Dommage, estime die Welt. L'Allemagne n'est pas prête à l'agriculture génétique. La plus haute cour du pays reflète l'opinion générale exigeant une assurance définitive d'inocuité avant l'utilisation à grande échelle d'une nouvelle technologie. À cause de ce jugement, l'Allemagne ne va pas pouvoir être facilement concurentielle à l'avenir dans ce domaine. La première révolution verte des années 70 a été diabolisée par notre pays en raison de sa peur existentielle de l'avenir. Mais le monde n'en a pas tenu compte. Heureusement d'ailleurs pour les trois milliards d'êtres humains qu'elle a pu nourrir. Désormais, nous allons pouvoir observer pendant des décennies comment se forme la seconde révolution verte... Mais chez les autres, regrette le quotidien.
Auteur : Christophe Lascombes
Édition : Konstanze von Kotze