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Football et politique sont obligés d'être ensesemble

7 juin 2018

La FIFA a beau expliquer que le ballon rond ne doit avoir aucun lien direct avec la politique, il reste cependant que le "sport roi " est souvent secoué par des décisions qui nuisent à sa crédibilité.

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Fußball Mahmoud Ahmadinedschad beim Training
Image : picture-alliance/dpa/Ghassemi

Les Etats interviennent dans la gestion du football mondial pour contrôler un sport de masse qui touche directement les émotions des peuples.

Certains spécialistes parlent même de géopolitique du sport avec, par exemple, un petit pays comme le Qatar qui organisera la Coupe du monde 2022 et a investi des sommes colossales pour s'offrir une vitrine mondiale et faire de Doha une destination touristique.  

Les autorités israéliennes étaient également prêtes à débourser plusieurs milliers de dollars pour faire venir à Jérusalem l'Argentin Lionel Messi, l'une des stars du Mondial, et organiser un grand événement sportif qui coïncide avec le 70e anniversaire de la création de l'Etat hébreu.

L'annulation du match de préparation au Mondial 2018 entre Israël et l'Argentine à Jérusalem a cependant comblé de joie les Palestiniens.

Westjordanland Dschibril Radschub Politiker und Präsident Fußball Verband
Dschibril Radschub, président de la fédération de football de la PalestineImage : Getty Images/AFP/A. Momani

Ces derniers craignaient, en effet, de voir la superstar mondiale Lionel Messi se prêter à une opération à leurs yeux politique. Tout cela se passe à quelques jours de l'ouverture de la Coupe du monde 2018 où tous les yeux seront tournés vers la Russie de Vladimir Poutine.

"On sait très bien que le sport peut adoucir les choses. Nous savons que les relations sont difficiles entre la Russie et certaines capitales occidentales en particulier. Je ne suis pas sûr que le Mondial en Russie efface ces tensions. En revanche, la Russie ne peut pas empêcher les dirigeants de ces Nations de venir encourager leurs équipes nationales si jamais elles vont loin dans le tournoi", explique Frank Simon, journaliste à France Football.  

Pour Jean Bruno Tagne, auteur de deux ouvrages sur le football camerounais, en Afrique comme en Europe, l'homme politique intervient directement dans le fonctionnement du football.

"En 2009, le sélectionneur des Lions indomptables, le Français Paul Le Guen, avait été choisi par le président Paul Biya. Celui-ci avait eu une rencontre avec Nicolas Sarkozy, en France. C'est au cours de cette rencontre que le président Biya s'est vu proposer Paul Le Guen comme entraîneur des Lions du Cameroun". 

Jean Bruno Tagne rappelle aussi qu'il arrive même que des responsables imposent des joueurs, y compris le capitaine de l'équipe.  

"Il y a également un autre cas emblématique. C'est celui de Roger Milla en 1990. Lorsque ayant déjà fait son jubilé, il revient sur décision du président de la République en équipe nationale."

George Weah und Didier Drogba
George Weah et Didier Drogba, deux stars du football africain Image : picture-alliance/abaca/G. Holubowicz

Le football a pu reconcilier dans certains pays

Franck Simon évoque la grave crise de la Côte d'Ivoire en 2005 notamment.   

"Quand Didier Drogba et les Éléphants se sont mis à genoux dans le vestiaire pour demander à la population et aux politiciens de faire taire les armes et de revenir vers l'unité. Il y a aussi le Liberia avec George Weah - quand il en n'était pas encore président mais capitaine de la sélection nationale du Liberia. Quand l'équipe jouait, les armes se tesaient et les checkpoint permetaient à l'équipe d'aller à tous les coins de la capitale Monrovia etc.", se souvient le journaliste sportif qui couvre depuis trente ans, l'actualité sportive mondiale.

Le cas Nelson Mandela

On se souviendra aussi longtemps de Nelson Mandela rayonnant de bonheur en brandissant la Coupe du monde illustrant symboliquement la victoire de l'Afrique du Sud qui avait décroché l'organisation du Mondial en 2010. La "nation arc-en-ciel" devenait ainsi le premier pays africain à organiser la fête mondiale du football. 

Bildergalerie Joseph Blatter
Nelson Mandela et Joseph Blatter en SuisseImage : picture-alliance/dpa/E. Risch

A l'époque, le président de la FIFA, Joseph Blatter, avait implicitement reconnu que la décision avait été prise par la FIFA pour des raisons politiques, liées au contexte multiracial de l'Afrique du sud post apartheid. 

Enfin, on se soiviendra longtemps de la rencontre entre l'iran et les Etats-Unis (2-1) lors de la Coupe du monde de 1998 alors que les deux pays étaient en froid depuis la révolution iranienne de 1979 et l’instauration d’une république islamique dans ce pays du Moyen-Orient.