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RDC : Masisi et Rutshuru risquent de ne pas pouvoir voter

17 novembre 2023

La RDC doit se rendre aux urnes le 20 décembre selon le calendrier établi par la Céni. Mais l'insécurité pourrait priver une partie de la population du scrutin.

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Le président Felix Tshisekedi lors de son passage à Goma dans l'est de la RDC.
Image : Giscard Kusema/DRC Presidential Press Service

Le chef de l'Etat congolais Félix Tshisekedi, candidat à sa succession lors du scrutin présidentiel qui aura lieu dans un mois, a évoqué ce vendredi (17.11) l'éventualité d'une exclusion des territoires de Masisi et Rutshuru des élections générales, et ceci pour des raisons de sécurité.

Même si Félix Tshisekedi a insisté sur le fait que cette décision revenait à la commission électorale, celle-ci n’ayant pas pu enregistrer les populations de ces localités de l'est de la RDC qui subissent les attaques meurtrières du Mouvement du 23 mars, le M23.

Ces déclarations sont diversement interprétées à Kinshasa, mais aussi dans les territoires concernés, où l'on dénonce un manque de volonté politique pour ramener la sécurité. 

Le journaliste et analyste politique congolais Kerwin Mayizo estime ainsi que les arguments avancés par le président sortant sont faibles.

"Quatre ans pour venir à bout d'une situation, ça parait quand même un peu trop et baisser les bras tels qu'il les a baissés, en se servant de Goma comme d'un sanctuaire inattaquable en disant, on n'attaquera pas Goma, on ne laissera pas tomber Goma, ça donne l'impression qu'il y a deux catégories de citoyens. Au Kivu, il y a des citoyens de première zone. Ceux de Goma qu'on doit absolument et à n'importe quel prix protéger, et ceux des régions rurales telles que Rutshuru et Masisi, pour qui on doit se contenter de la situation", explique Kerwin Mayizo.

Des soldats dans le territoire de Masisi dans l'est de la RDC
Le territoire de Masisi est en proie à des attaques armées attribuées au groupe rebelle M23Image : Alain Uaykani/Xinhuaa/picture alliance

Le problème de l'enrôlement des électeurs

Il y a deux mois, la commission électorale avait dit toujours attendre du gouvernement des assurances et garanties sécuritaires afin de lancer les opérations d'identification et d'inscription des électeurs dans les territoires de Rutshuru et Masisi, dans la province du Nord-Kivu, et Kwamouth dans la province du Mai-Ndombe. 

Le président de la Céni, Denis Kadima, avait même affirmé que techniquement, son institution était prête pour les opérations d'enrôlement jusqu'au mois d'octobre. Depuis, rien n'a été fait.

Ce qui fait dire à l'analyste électoral congolais, Jérôme Bonso, que c'est pratiquement impossible d'organiser des élections à Rutshuru et Masisi.

"Quand on a fait l'identification et l'enrôlement des électeurs pour constituer le fichier électoral, les territoires occupés n'ont pas pu se faire enrôler. Et ce n'est pas la veille, d'ici le 20 décembre, qu'ils pourront prétendre voter. Parce qu'on vote s'il y a des électeurs. C'est chaque Congolais et chaque Congolaise qui détient sa carte d'identité et sa carte d'électeur. Or, la carte d'électeur est le résultat d'une opération d'identification et d'enrôlement", dit à la DW, l'expert électoral. 

Des soldats congolais à Rutshuru dans l'est de la RDC
De violents combats ont souvent opposé les soldats de la FARDC aux éléments du groupe rebelle M23Image : Guerchom Ndebo/AFP/Getty Images

La déception à Masisi

Exclure les territoires de Rutshuru et de Masisi des élections générales est une forme de "balkanisation" de la RDC, explique Georges Mbingi, un habitant de Masisi. 

Selon lui, "ignorer Masisi du processus électoral en cours, c'est cautionner la balkanisation de notre pays. Et moi qui suis de Masisi, je ne peux pas accepter cela. Pendant longtemps, il y a eu l'insécurité, mais les élections se déroulaient toujours. C'est un manque de volonté de rétablir la sécurité à Masisi."

Au-delà de l'exclusion probable du processus électoral de ces territoires dans l'est du pays, la commission électorale doit faire face à un défi logistique avec 76.000 bureaux de vote dans un pays qui est six fois plus grand que l’Allemagne.

Bob Barry Journaliste, présentateur et reporter au programme francophone de la Deutsche Welle@papegent