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Ethiopie-Erythrée: un rapprochement inestimable

Audrey Parmentier
20 juillet 2018

Cette semaine, les quotidiens se sont penchés sur la reprise des relations entre l'Ethiopie et l'Erythrée, le centenaire de Nelson Mandela et la nomination de John Numbi à la tête de l'armée congolaise.

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Eritrea - Asmara International Airport
Image : Reuters/T. Negeri

"Une paix irréversible", c'est le titre du commentaire de la tageszeitung, la taz, sur la reprise des relations entre l'Ethiopie et l'Erythrée. Le processus de réconciliation en cours entre les deux pays est un signal positif pour le monde entier, affirme Dominic Johnson. Deux nations qui se sont fait la guerre sans merci à plusieurs reprises - d'abord dans la lutte de libération de l'Érythrée contre l'occupation éthiopienne, puis dans une guerre du désert complètement insensée à cause de la frontière - ces deux nations se retrouvent aujourd'hui, peut-on lire dans la taz. Non seulement les hommes forts des deux pays se sont rendus visite et ont fait la paix. Mais les populations des deux pays se sont elles aussi appropriées cette fraternisation, et c'est encore plus important, écrit Dominic Johnson.

Selon lui, ce rapprochement est inestimable dans l'une des régions les plus explosives du monde, avec les conflits quasi insolubles du Yémen, de la Somalie et du Sud-Soudan et les immenses souffrances humaines qu'ils provoquent.

Et il est bon de souligner qu'il n'y a eu aucune intervention extérieure. C'est même sans doute l'absence de toute influence extérieure, suppose le journaliste, qui a permis aux deux dirigeants de présenter leur accord de paix comme leur propre décision.

Abiy Ahmed préparait son coup depuis longtemps

Abiy Ahmed Äthiopien
Abiy Ahmed a pris le contrepied d'années de politique éthiopienne à l'égard d'AsmaraImage : Reuters/T. Negeri

La Berliner Zeitung se penche elle ausi sur la visite d'Isaias Afeworki en Ethiopie et la reprise des vols entre les deux pays voisins: "il ne se passe pas une semaine sans qu'un nouvel évènement sensationnel ne se passe dans la Corne de l'Afrique" constate Johannes Dieterich , qui commente la politique d'Abiy Ahmed: le revirement diplomatique du Premier ministre éthiopien n'est que l'une des nombreuses décisions surprenantes a prises au cours des quatre premiers mois de son mandat. Il a libéré des milliers de prisonniers politiques, fermé le centre de torture de la police et retiré les partis d'opposition de la liste des organisations "terroristes".  De toute évidence, écrit Johannes Dieterich, Abiy Ahmed préparait son coup depuis longtemps.

La Süddeutsche Zeitung, elle, raconte l'histoire d'Ariam Tesfay et son père. La jeune fille a dû économiser pendant 5 ans pour pouvoir dire au revoir à son père. Pour plusieurs milliers de dollars, elle a acheté deux billets en mars de cette année. Elle s'est envolée d'Addis-Abeba, il est venu d'Asmara et ils se sont retrouvés à Dubaï. Puis est venu le moment de se dire au revoir. Ils savaient tous les deux qu'il n'y aurait pas d'autres retrouvailles. C'était comme un enterrement, peut-on lire dans le journal de Munich. Et puis tout à coup, tout a changé. Tout est redevenu possible.

L'Afrique du Sud actuelle ne plairait pas à Mandela

Les journaux ont également célébré le centenaire de la naissance de Nelson Mandela, c'était le 18 juillet. Des journaux qui font tous le constat que l'Afrique du Sud n'a pas évolué comme l'aurait souhaité Mandiba.

John Adams Nelson Mandela
Nelson Mandela est toujours vénéré comme le père fondateur de la nation arc-en-cielImage : picture-alliance/dpa/B. Curtis

"Le Cap de Bonne-Espérance porte mal son nom", titre la Berliner Zeitung. Où que vous regardiez, ce sont toujours les chefs d'entreprises blancs, les fermiers blancs et les experts blancs qui donnent le ton. Tandis que la majorité de la population noire est engluée dans la pauvreté.

Certes, Nelson Mandela est encore vénéré comme le père fondateur de la nouvelle nation démocratique : c'est à lui que l'on doit la "nation arc-en-ciel" mais, constate le journal, les jeunes noirs particulièrement en colère considèrent que le discours de réconciliation n'est qu'un simulacre. Et souvent, ils attribuent au premier président noir du pays la responsabilité des inégalités sociales persistantes: Mandela a d'abord libéré ses compatriotes avant de les trahir, affirment-ils.

D'autres traits de caractère de Mandiba sont également critiqués, note le journal. Notamment son patriarchalisme poussé à l'excès ou encore le fait qu'il n'ait autorisé à sa femme Winnie aucun faux pas, alors même qu'il a pardonné aux Sud-Africains blancs leur racisme.

Pour la Hannoversche Allgemeine Zeitung, la nouvelle Afrique du Sud est un grand pays, mais un pays inachevé, une nation peu sûre d'elle-même. Nelson Mandela serait profondément insatisfait s'il la voyait aujourd'hui. Cyril Ramaphosa se bat contre la corruption dans ses propres rangs, constate le quotidien. Mais il envisage d'exproprier des fermiers blancs en faveurs des fermiers noirs, sans indemnisation. Alors que la Constitution même l'exige. S'il était encore en vie, conclut la Hannoversche Allgemeine Zeitung, Nelson Mandela continuerait à se battre.

John Numbi, un chef de la police controversé

Enfin, la tageszeitung, la taz, revient sur la nomination de John Numbi à la tête de l'armée congolaise.

Kongo Aktivist Floribert Chebeya Bahizire
Floribert Chebeya a été retrouvé mort dans sa voiture le 2 juin 2010Image : AP

C'est un général au passé sombre qui va assurer la sécurité des élections en RDC, affirme Dominic Johnson qui relate les faits du 1er juin 2010. Floribert Chebeya, alors le plus célèbre militant des droits de l'homme du pays, avait rendez-vous avec John Numbi à 17h30. Légèrement en retard, il a écrit à sa femme à 17 h 31 qu'il se rendait au quartier général de la police et qu'il l'appelerait plus tard. Mais le lendemain matin, rappelle Dominic Johnson, il a été retrouvé mort dans sa voiture avec des traces de torture sur le corps. John Numbi a dû quitter son poste mais in n'a jamais été inculpé. C'est un ami d'enfance du président Kabila.

Numbi est également controversé, ajoute la taz, parce qu'il fait l'objet de sanctions internationales - il figure sur les listes des sanctions financières et d'interdiction de voyage des États-Unis et de l'UE. Sa nouvelle fonction signifie donc que toutes les transactions internationales avec les forces armées congolaises sont désormais strictement illégales, conclut le journal.