Elections générales en Afrique du Sud
8 mai 2019Avec ses cabanes de tôle, ses ruelles défoncées, le township d'Alexandra se trouve juste à côté du centre des affaires de Johannesburg, ses immeubles clinquants et ses belles villas. L'apartheid est tombé mais des inégalités persistantes divisent la société sud-africaine.
En 1994, les premières élections multiraciales en Afrique du Sud ont suscité d'immenses espoirs. A l'époque, Patience avait à peine deux ans. 25 ans plus tard, elle exprime sa désillusion : "Regardez où on vit. Les toilettes communes, pas de maison correcte. Je n'ai qu'une seule pièce. Je vis ici, avec mes six enfants. Il n'y a pas de travail. Nous n'avons rien, pas d'argent."
L'ANC défend son bilan
Le Conseil national africain promet de lutter contre la corruption qui ronge le parti. "Rien qu'à Alexandra, nous avons construit 11.300 maisons", clame Banele Sangcozi, secrétaire général de l'ANC à Alexandra. "Les Sud-Africains peuvent voir que l'ANC est prêt à se corriger et à demander des comptes à ses membres. C'est vers ça que nous allons."
Khutso Montjane est né en 1994, il fait partie de cette génération sud-africaine qui n'a pas connu l'apartheid. "Mon père et ma mère m'ont dit qu'ils étaient heureux quand ils sont allés élire Mandela comme président. Parce qu'il y avait la promesse que leur vie allait devenir meilleure", dit l'étudiant. Aujourd'hui, il milite au sein de l'EFF, les Combattants pour la liberté économique, un parti de la gauche radicale qui séduit les déçus de la nouvelle Afrique du Sud. "Notre peuple continue de souffrir, d'être exclu de l'économie. Nous ne sommes toujours pas propriétaires des terres."
Inégalités persistantes
Des progrès ont été accomplis. Des barrières sont tombées, une certaine mixité raciale s'est installée, en tout cas dans les grandes villes. Le gouvernement a construit des maisons, étendu l'accès à l'eau potable et à l'électricité. Une classe moyenne noire a vu le jour. Mais 10% de la population sud-africaine possède encore plus de 90% des richesses du pays.