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Economie

Nestlé tente de redorer l’image de la filière cacao

Julien Adayé
8 avril 2022

Nestlé multiplie les initiatives sociales en Côte d’Ivoire alors que le travail des enfants reste répandu dans le cacao.

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Depuis 2017, Nestlé aurait formé plus de 1.500 femmes dans les marchés d’Abidjan.  
Image : Jürgen Bätz/dpa/picture alliance

Construction de salles de classe dans les zones de culture du cacao ou alphabétisation des femmes commerçantes dans les marchés : Nestlé cherche-t-il à améliorer son image dans un secteur, celui de la production de cacao, où le travail des enfants existe toujours

La multinationale suisse, consciente de l’image déplorable liée à l’exploitation du cacao, a lancé plusieurs projets pour lutter contre le travail des enfants, toujours répandu dans les champs de cacao. Face à cela, Nestlé a financé la construction de salles de classe dans les zones agricoles.

Ecoutez le reportage de notre correspondant à Abidjan...


L’alphabétisation des femmes est aussi une de ses priorités, notamment celles des femmes commerçantes sur les marchés.
Mame Pane Sakho, directrice de communication chez Nestlé Côte d’Ivoire, explique les raisons de cet engagement social :

"Le nom de Nestlé n’est pas du tout écorché en Côte d’Ivoire. Tout ceci part d’une stratégie globale qui est déclinée dans tous les marchés où Nestlé opère. Donc en fonction des défis qui se posent dans notre environnement, on apporte des solutions, aussi en lien avec les opérations que nous menons ici. On a notre marque Maggi qui opère ici. On travaille avec 20.000 femmes, il est tout à fait normal qu’on puisse aussi travailler avec ces dames pour voir comment les rendre un peu plus autonomes."

Collaboration avec l’Unesco

Konan N’Guessan, âgée de 58 ans, est vendeuse sur un des marchés de la commune de Yopougon dans le nord d’Abidjan. Elle ne savait ni lire ni écrire. Malgré son âge, Konan N’Guessan a accepté le programme d’alphabétisation proposé par Nestlé. Aujourd’hui, elle est fière de son propre résultat :

"La télécommande de la télévision, je ne connaissais pas. Maintenant j’ai demandé. Le 'plus' c’est pour augmenter (le son). Le 'moins' c’est pour diminuer.  Ensuite, je connais les chiffres jusqu’à dix. Maintenant j’ai vu que l’école est importante."

En 2021, la police ivoirienne avait mené l'opération "Nawa 2" contre le travail des enfants
En 2021, la police ivoirienne avait mené l'opération "Nawa 2" contre le travail des enfantsImage : Sia Kambou/AFP


 
Pour soutenir l’alphabétisation des femmes sur les marchés, Nestlé s’est associé à l’Unesco. Yves Marius Sagou, coordonnateur des programmes d’alphabétisation dans cette structure onusienne, explique les objectifs de ce projet : 

"L’Unesco travaille avec les entreprises privées pour mettre en œuvre certains de leurs projets ou programmes parce que justement l’Unesco promeut le "PPP" c’est-à-dire le partenariat public privé, que nous mettons en commun avec les entreprises privées en offrant des programmes d’alphabétisation."

800.000 enfants

En Côte d’Ivoire, plus de 800.000 enfants travaillent dans les plantations cacaoyères, selon une enquête de l’Université de Chicago réalisée en 2019 et depuis, plus de 200.000 d’entre eux auraient été retirés des champs cacao.

Il fait du cacao ivoirien, un chocolat hors pair

Malgré tous ces efforts, dans certaines plantations de cacao, on rencontre encore des enfants. C’est ce qu’explique Toussaint Luc N’Guessan, manager du programme Accelerator chez Nestlé :

"Le problème du travail des enfants est réel. Même si les enfants ne descendent pas du Burkina pour venir travailler dans les champs. Quand même dans les localités ce problème existe. On ne va pas se voiler la face pour dire que dans notre chaîne d’approvisionnement il n’y a rien."

A ce jour, dans le cadre de son plan Cacao, Nestlé a construit plus de 40 écoles en Côte d’Ivoire pour lutter contre le travail des enfants dans les plantations de cacao. Ce projet aurait aidé à la scolarisation de plus de 10.000 enfants.  

Depuis 2017, le programme d’alphabétisation de l’entreprise agro-alimentaire suisse aurait aussi formé plus de 1.500 femmes dans les marchés d’Abidjan.