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Le Burkina Faso écarte le dialogue avec les djihadistes

Richard Tiéné
1 juillet 2021

La classe politique ne s'entend pas sur les stratégies. Mais certains élus locaux reconnaissent n’avoir pas eu de mal à dialoguer avec les terroristes.

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 Le président du Burkina Faso Roch Kaboré
Le président du Burkina Faso Roch KaboréImage : UNTV /AP/picture alliance

Par le truchement de membres de leur famille, des élus locaux ont pu entrer en contact avec des terroristes d’origines burkinabè. Des parents, des proches qui se sont radicalisés au contact de prédicateurs étrangers. Leur motivation principale : instaurer la charia.

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L’analyste Lionel Bilgo estime que la décision de certains maires et conseillers municipaux, en vue de négocier avec les groupes armés, est tout à fait légitime.

"L'absence d'Etat, l'absence de sécurité, l'absence de soutien et même en termes de responsabilité, l'absence de vision, l'absence d'espoir, font qu'ils sont obligés de se tourner vers d'autres solutions notamment la négociation, explique l’analyste. Ce sont des élus locaux qui sont pris en joug entre le fer de l'ennemi et l'inaction du partenaire qu'est l'Etat qui devrait justement répondre et être présent". 

"Les Burkinabè sont à présent habitués aux messages de condoléances" (Eddie Komboigo)

Le gouvernement après une investigation a annoncé que les assaillants qui onttué, début juin, 132 personnes à Solhan d'après le bilan officiel, sont en majorité des mineurs dont l’âge varie entre 12 et 14 ans.

L’unité en lieu et place des marches

Face à la multiplication des attaques, l'opposition a annoncé des marches dans tout le pays. Samedi 26 juin, plusieurs milliers de personnes ont manifesté dans les régions du Nord et du Centre-Nord du Burkina Faso, contre l'insécurité grandissante, appelant les autorités à des mesures face aux attaques djihadistes récurrentes.

Lire aussi → Que cache l'appel à l'union de Christian Kaboré contre les djihadistes

Au sommet de l'Etat, il n'est pour l'instant pas question de négocier. Dans un message à la nation, le président Roch Kaboré estime qu’un effort est fait dans la lutte contre l’escalade des groupes armés. 

"Les acquis engrangés sur le terrain par les Forces de Défense et de Sécurité, avec l’apport conséquent des Volontaires pour la Défense de la Patrie, sont certains, et ont permis d’infliger aux groupes armés terroristes, des pertes significatives, les amenant à changer leurs tactiques pour s’en prendre lâchement aux populations civiles", a déclaré le président Roch Kaboré.  

Une dernière attaque a fait 132 morts à Solhan (image d’illustration)
Une dernière attaque a fait 132 morts à Solhan (image d’illustration) Image : Olympia De Maismont/AFP

Le chef de l’Etat burkinabé appelle à surseoir aux marches et meetings projetés et à unir les forces.

Changement à la tête de ministères régaliens

Un avis que ne partage pas le chef de file de l’opposition qui encourage plutôt les Burkinabè à battre le pavé.

Eddie Komboigo estime que "Les Burkinabè sont à présent habitués aux messages de condoléances, de deuils nationaux et de condamnations servis dès les premières heures de chaque incident majeur, pour vite céder la place à la politique politicienne sans que des décisions fortes et courageuses ne soient prises en vue d’endiguer le phénomène"

Mercredi (30.06), le président Kaboré a remanié son gouvernement. Il s’est attribué le ministère de la Défense. Le ministre de la Sécurité aussi été remplacé.

Un enregistrement audio dont l'authenticité n'est pas confirmée par les autorités, fait grand bruit dans les réseaux sociaux. Un Burkinabè recruté par un groupe armé essaie de convaincre, dans une langue locale, un de ses amis à faire comme lui. Sous le refus du concerné, il lui profère sans détour des menaces de mort ainsi qu'à tous ceux qui se mettraient au travers de leur chemin.