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SciencesMonde

Une brève histoire du préservatif masculin

Carla Bleiker
13 février 2023

Le 13 février est célébrée la journée mondiale du préservatif. Une invention révolutionnaire, permettant à la fois de prévenir les grossesses et les maladies.

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Kondome, Symbolbild
Image : Oleksandr Latkun/Zoonar/picture alliance

Difficile d'être d'accord sur ce qui doit être considéré comme la plus grande invention de l'humanité. La roue ? Les antibiotiques ? Le lave-vaisselle ? Autant de prétendants tout à fait légitimes. Penchons-nous néanmoins sur une autre innovation scientifique qui, bien que peut-être anodine, a transformé la vie sur Terre : le préservatif.

Grâce à ces petits étuis en latex, les humains peuvent avoir des rapports sexuels sans risque (ou presque) de transmettre de MST ou mettre la partenaire enceinte.

En effet, la protection offerte par les préservatifs n'est pas de 100% : selon Planned Parenthood (le Planning familial aux Etats-Unis, ndlr), quand ils sont parfaitement utilisés, les préservatifs sont efficaces à 98% pour prévenir les grossesses. Mais l'être humain étant loin d'être parfait, l'efficacité de la contraception est en réalité de 87%.

En d'autres termes : sur 100 femmes qui utilisent uniquement le préservatif comme méthode de contraception, 13 d'entre elles tomberont enceintes.

Malgré tout, les préservatifs ont sauvé des vies et accordé de l'autonomie aux femmes à des périodes de l'histoire où tomber enceinte hors mariage pouvait faire d'elles des parias, voire pire.

Plongeons donc dans l'histoire des "happy hats" ("chapeaux joyeux", en anglais, ndlr) comme on dit sur internet.

Des préservatifs pour se protéger... des serpents

La première mention d'un dispositif ressemblant à un préservatif remonte à 3.000 ans avant Jésus-Christ. En Crète, le légendaire roi Minos - connu pour son labyrinthe géant qui abritait le Minotaure en son centre - aurait utilisé une vessie de chèvre pour protéger ses partenaires sexuels d'une maladie sexuelle plutôt inhabituelle : en effet, selon la légende, le sperme de Minos contenait des serpents et des scorpions.

Certains récits affirment que Minos a enveloppé son propre pénis dans la vessie de chèvre, tandis que d'autres disent que sa femme Pasiphaé l'a elle-même insérée dans son vagin afin d'empêcher ces bestioles de mordre ses parties intimes.

Quoi qu'il en soit, il s'agit du plus ancien témoignage d'un dispositif de barrière utilisé pour prévenir ce qui est considéré aujourd'hui comme une maladie sexuellement transmissible (MST).

Des préservatifs... par classe sociale

Dans l'Antiquité, les Egyptiens se protégeaient également. L'archéologue Howard Carter et son équipe ont trouvé dans la tombe de Toutankhamon un préservatif contenant des échantillons de l'ADN du pharaon.

Il était fait de lin fin, trempé dans de l'huile d'olive, et avait été attaché à une corde qui, selon les chercheurs, aurait été nouée autour de sa taille. Ils l'ont daté d'environ 1350 avant Jésus-Christ.

Les préservatifs n'étaient pas non plus réservés aux pharaons. Les autres Egyptiens en utilisaient aussi, mais uniquement dans la couleur correspondant à leur classe sociale. Impossible donc de faire croire à son amante que l'on faisait partie des proches du pharaon si la couleur du préservatif indiquait que l'on n'était qu'un simple fermier.

Des préservatifs aux emballages colorés
Dans l'Egypte ancienne, ce ne sont pas les emballages qui étaient colorés, mais les préservatifs eux-mêmes.Image : Oleksandr Latkun/Zoonar/picture alliance

Dans la Rome antique, les préservatifs étaient également faits de lin, ainsi que d'intestins ou de vessies de mouton et de chèvre. Les Romains n'utilisaient pas le préservatif pour empêcher la conception - leur principale motivation était plutôt d'arrêter la propagation de maladies, comme la syphilis.

On dit aussi qu'ils fabriquaient des préservatifs à partir des muscles des hommes qu'ils tuaient au combat, "sauf qu'il n'existe aucune preuve tangible" de cette histoire, soulignent les auteurs d'une étude publiée dans l'Indian Journal of Urology.

La révolution du caoutchouc

C'est Charles Goodyear qui a réalisé la première version du préservatif moderne tel que nous le connaissons aujourd'hui. Au milieu du XIXe siècle, l'inventeur américain a découvert le processus de vulcanisation, dans lequel le caoutchouc naturel est chauffé avec du soufre pour former un matériau plus malléable, durable et élastique.

En 1860, les préservatifs étaient produits à grande échelle. Ils étaient chers mais à l'époque, on disait aux hommes de les nettoyer puis de les réutiliser. (Attention : de nos jours, les préservatifs sont strictement à usage unique !)

L'invention du latex dans les années 1920 a révolutionné l'industrie du préservatif. Aujourd'hui, les préservatifs en latex peuvent être étirés jusqu'à huit fois leur taille d'origine avant de se déchirer. Ils peuvent également être pré-lubrifiés, nervurés ou encore aromatisés.

Des jeunes font la queue devant une pharmacie en France
Depuis le 1er janvier 2023, les préservatifs sont gratuits pour toutes les personnes âgées de moins de 25 ans.Image : Francois Mori/AP/picture alliance

D'après une étude menée par les Nations unies, le préservatif masculin était la deuxième méthode contraceptive la plus utilisée dans le monde en 2019 - battue seulement par la stérilisation féminine. En 2019, 21% des personnes ayant recours à la contraception ont utilisé un préservatif, soit quelque 189 millions d'utilisateurs.

Les préservatifs masculins sont également essentiels pour prévenir la propagation du VIH. Selon une méta-analyse réalisée par le Center for AIDS Intervention Research aux Etats-Unis, lorsqu'ils sont utilisés correctement et régulièrement, les préservatifs sont efficaces à 90% et 95% pour protéger contre le VIH.

Célébrée le 13 février, la Journée internationale du préservatif a été créée par l'AIDS Healthcare Foundation, une organisation américaine à but non lucratif fondée en 1987 en réponse à l'épidémie de sida. L'organisation célèbre cette journée en distribuant des préservatifs gratuits.


Ce texte, paru originellement en anglais, a été traduit et édité par Ali Farhat.