1. Aller au contenu
  2. Aller au menu principal
  3. Voir les autres sites DW

Au Mali, l'or permet de financer les djihadistes

Baba Ahmed
17 février 2020

L’exploitation de l’or à Kidal (nord) a réduit considérablement le taux de banditisme dans la région. Mais elle permet aussi aux groupes armés et aux djihadistes souvent alliés à Al-Qaïda de se financer.

https://p.dw.com/p/3XsUE
Des rebelles séparatistes Touareg dans le nord du Mali
Des rebelles séparatistes Touareg dans le nord du MaliImage : REUTERS/Souleymane Ag Anara

"Depuis la découverte de l'or, les jeunes travaillent dans l'orpaillage" (Attouyoub Ag Intalla)

Assis avec devant lui un récipient contenant de la boue, Smail Moussa, un orpailleur de la tribu de Toubou, originaire du Niger, vient d’extraire quelques gramme d’or grâce à une technique au mercure. 

"C’est de l'or que je viens d'extraire de la terre. J'ai ajouté (à la boue de poudre de pierre) du mercure, du savon, du sel. C'est comme ça qu'on extrait l'or. Nous allons maintenant brûler ce mélange d'or et de mercure", explique-t-il.

La région compte au moins quatre grands sites d’orpaillage sur lesquels travaillent plus d’un millier de personnes.

La sécurisation des sites est assurée par la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), un groupe signataire de l’accord de paix avec Bamako en 2015.

Des rebelles séparatistes Touareg dans le nord du Mali
Des rebelles séparatistes Touareg dans le nord du MaliImage : picture-alliance/AP Photo//Rebecca Blackwell

Selon un orpailleur, pour s’installer sur un site, il faut payer 50.000 francs CFA (environ 76 euros) aux hommes de la CMA et chaque mois, chaque orpailleur doit payer une taxe de 10.000 francs CFA (15 euros).

Par ailleurs, une source anonyme explique que cet argent ne bénéficie pas qu’à la CMA mais aussi aux organisations djihadistes présentes dans la région.

Liens troubles

Selon Ibrahim Maiga, chercheur à l'Institut d'études de sécurité (ISS), "des liens troubles ont déjà été mis en évidence par différents groupes d'experts qui évoquent des liens entre des individus du JNIM (Jama'a Nusrat ul-Islam wa al-Muslimin) et des individus appartenant à des groupes armés signataires de l'accord de paix tels que la Coordination des mouvements Azawad ou certains groupes membres de la CMA."

Le chercheur ajoute donc qu'"il n'est pas exclu que des individus appartenant à des groupes terroristes ou en faisant partie, en l'occurrence les JNIM de la région, jouent un rôle non seulement dans la sécurisation des sites mais aussi dans la collecte des impôts."

Des rebelles du MNLA à Kidal
Des rebelles du MNLA à KidalImage : picture alliance/AP Photo/Blackwell

Baisse du chômage

Dans la ville de Kidal, la population préfère parler plutôt de l’absorption du chômage par ces sites d’orpaillage.

"Avant la découverte de l'or dans la région de Kidal, il y avait tellement de banditisme que les voleurs entraient même dans les maisons privées ou des ONG. Les vols avaient lieu tout le temps. Depuis la découverte de l'or, les jeunes travaillent dans l'orpaillage. On peut dire qu'il n’y a plus de braquage, plus de vol. La seule insécurité qui existe, ce sont les IED, les engins explosifs improvisés" soutient Attouyoub Ag Intalla, responsable de l'organisation de la société civile de Kidal.

Des jeunes travaillant sur un site de production de charbon de bois à Bamako
Des jeunes travaillant sur un site de production de charbon de bois à BamakoImage : DW/Jürgen Schneider

La semaine dernière, un premier bataillon de l’armée malienne est arrivé dans la ville de Kidal pour assurer la sécurité de la ville mais il n’est pas sûr qu’il s’occupera de ces sites d’orpaillages.

Pour le moment, l’administration est assurée par la CMA et c’est elle qui contrôle ces site d’orpaillage.

→ A lire aussi : L'armée malienne fait son retour à Kidal