1. Aller au contenu
  2. Aller au menu principal
  3. Voir les autres sites DW

Athènes emprunte à 10%

28 avril 2010

L’agence de notation privée américaine Standard and Poor's a abaissé de trois crans la note du pays. Désormais, les taux d'intérêts imposés à la Grèce par les marchés financiers ont atteint la barre historique des 10%

https://p.dw.com/p/N8ba
Prise dans la tourmente, la zone euro peine à étouffer l'incendie grec
Prise dans la tourmente, la zone euro peine à étouffer l'incendie grecImage : AP

Rien ne va plus pour la Grèce. Le pays subit le classement toujours plus sévère des agences de notations - qui sont des agences privées dont personne ne peut vraiment expliquer pourquoi elles sont en mesure d'imposer les taux d'intérêts sur des prêts contractés par des états souverains.

C'est bien pourquoi une aide européenne se met en place au sein de la zone euro avec des taux qui seront fixés cette fois à 5%, deux fois moins donc que ceux que réclament les marchés. Avec de tels taux, la Grèce, pays de la zone euro, est quasiment ravalée au rang d'un pays comme l'Argentine et les emprunts émis par Athènes sont donc désormais considérés comme spéculatifs, c'est-à-dire à hauts risques.

Berlin traîne des pieds

L'aide promise par les pays de la zone euro et par le FMI est en cours de négociation, celle-ci devrait donc résoudre le problème. Malgré tout, les marchés financiers restent dubitatifs pour deux raisons. La première est que la dette grecque pourrait être encore plus importante que prévue : elle devrait atteindre l'année prochaine 130% du PIB, le Produit intérieur brut, soit deux fois plus que ce qui est permis au sein de la zone euro.

La seconde raison ce sont les hésitations de l'Allemagne. Berlin, essentiellement pour des raisons de politique intérieure car 70% des Allemands sont contre une aide accordée à la Grèce, traîne toujours des pieds pour aider Athènes et cette attitude inquiète les marchés et augmente la spéculation. Un manque de solidarité qu’a commenté ainsi le ministre grec des finances, Giorgos Papaconstantinou : "Vous savez, nous avons beaucoup de voix qui sont plus ou moins contre en Allemagne. Mais maintenant nous ne devons plus perdre de temps. Nous menons de bonnes négociations pour mettre en place des mesures et un programme d'économies pour les trois prochaines années".

Revanche de la rue

Mais il y a une grande inconnue dans ce dossier : c'est la réaction de l'opinion publique grecque. Après les plans de rigueur extrêmement sévères déjà mis en place, les Grecs ne veulent plus devoir continuer à payer pour les erreurs des gouvernements précédents. Une explosion sociale, une revanche de la rue est un risque qu'il ne faut aujourd'hui pas sous-estimer.

Auteur : Jean-Michel Bos