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Amnesty dénonce une culture de la répression en Guinée

15 mai 2024

Alors que le procès des massacres du 28 septembre 2009 à Conakry entre dans sa dernière phase, l’ONG affirme que les violences des forces de sécurité persistent.

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Des forces de sécurité sont opposés à Conakry à des manifestants, en octobre 2022
Les manifestations sont régulièrement réprimées en GuinéeImage : CELLOU BINANI/AFP

En Guinée, l’organisation de défense des droits de l’Homme Amnesty international vient de publier un rapport qui revient sur la répression dans ce pays depuis 2019, comprenant l’époque de l’ancien président Alpha Condé.  

Selon ce rapport, 66 personnes ont été tuées par les forces de l’ordre en 2019. Mais les violences se sont maintenues après le putsch du 5 septembre 2021, la répression militaire provoquant la mort de 47 autres personnes.  

Le rapport épingle ainsi les forces de l’ordre, policières et militaires. Selon Amnesty international, les pouvoirs se succèdent en Guinée, mais les violences persistent.  

Entre 2019 et aujourd’hui, au moins 113 personnes auraient été ainsi tuées et des centaines de personnes blessées.  

Le président de transition Mamady Doumbouya entouré de militaires
Le putsch de l'armée n'a pas changé la donne, selon AmnestyImage : CELLOU BINANI/AFP/ Getty Images

Climat d’impunité propice aux violences 

Samira Daoud, directrice du bureau régional pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre d’Amnesty international, explique que "ce rapport se focalise, cette fois-ci, sur la situation extrêmement critique des personnes qui ont été blessées par les éléments des forces de l’ordre au cours des manifestations de 2019 jusqu’à aujourd’hui. Ce qui est certain, c’est qu’il y a un climat d’impunité puisque, finalement, l’accès à la justice pour les victimes de blessures, sous le régime d’Alpha Condé et le régime de la transition, obtiennent difficilement justice. Ce climat d’impunité évidemment est propice au fait que les violations se répètent".

Boubacar Biro Sow, âgé de 24 ans, habite Koloma, un quartier de la capitale guinéenne. Il a perdu l’usage de son œil droit dans la répression d’une manifestation.  

Il raconte avoir été "victime de bavures policières, de deux tirs à balles réelles de gendarmes. C’était le 11 mai 2023, jour de la manifestation politique organisée par les forces vives contre le pouvoir du général Doumbouya. Je n’ai bénéficié d’aucune aide médicale, tous les financements ont été faits par ma famille et les personnes de bonne volonté. Récemment, un ami a été victime de deux tirs. Il est mort sur place". 

Ecoutez le reportage à Conakry...

Le procès du 28 septembre, un "procès symbole"

Fabien Offner, chercheur à Amnesty international, déplore également qu’il y a eu "beaucoup d’annonces de l’ancien ministre de la Justice pour des poursuites judiciaires, que des autopsies allaient être effectuées et puis après, c'est le silence radio. Donc, malheureusement, ce qu’on constate c’est qu’il y a eu quelques petits efforts, mais de façon générale, l’impunité perdure. C’est aussi pour ça que la suite et les conclusions du procès du 28 septembre 2009 vont être très importantes puisqu’on parle de la même chose. C’est un procès qui a valeur de symbole". 

Avant la publication de ce rapport, Amnesty international a tenté de rencontrer les autorités militaires, mais sans succès. L’ONG recommande de garantir les libertés fondamentales et surtout, de porter assistance aux victimes des différentes manifestations politiques, souvent réprimées brutalement.