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Corée du Nord, le rapport de l'horreur

Claudia Witte/Elisabeth Cadot18 février 2014

Un rapport de l'ONU dénonce les violations des droits de l'homme en Corée du Nord et menace de poursuivre devant la Cour Pénale Internationale les responsables de ce pays, y compris son dirigeant Kim Jong-un.

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Image : Reuters

Un rapport épais et détaillé de quelque 372 pages, une enquête menée pendant un an auprès de réfugiés en Corée du sud, au Japon, au Royaume-Uni et aux Etats-unis... les témoignages réunis par la Commission d'enquête de l'ONU menée par le juge australien Michael Kirby, le président de la commission, sont accablants pour la Corée du Nord:

« Ce rapport évoque les abus majeurs qui ont été commis sur la population de Corée du nord et qui appellent l'attention de la communauté internationale. »

La Corée du nord organise sur une vaste échelle des crimes contre les droits de l'homme, d'après l'ONU
La Corée du nord organise sur une vaste échelle des crimes contre les droits de l'homme, d'après l'ONUImage : picture-alliance/dpa

La barre pour évoquer des crimes contre l'humanité est très haute, peut-on lire dans le rapport, mais le régime nord-coréen la dépasse: meurtres, tortures généralisées, famines provoquées de façon délibérée, enlèvements ou viols... ces abus sont commis par des responsables d'organisations étatiques, l'armée, la magistrature et le Parti des travailleurs.

« Une image complète de l'horreur »

Les ONG de défense des droits de l'homme saluent la parution de ce rapport, comme l'explique Julie de Rivero de Human Rights Watch:

« Depuis longtemps on connaissait des éléments et des points partiels, mais ce rapport donne une image complète de l'horreur. Et parce qu'il ne parle pas d'atteintes aux droits de l'homme mais de crimes contre l'humanité, il implique une obligation internationale à réagir. »

Dans un courrier adressé à Kim Jong-un, la commission d'enquête de l'ONU prévient que tous les responsables de ces abus - y compris le dirigeant de Corée du Nord lui-même - devront répondre de leurs actes devant la justice internationale. Une menace publique assez rare envers un dirigeant en exercice.

Kim Jong-un, directement visé par le rapport d'enquête
Kim Jong-un, directement visé par le rapport d'enquêteImage : Reuters

Critiques chinoises

Elle risque néanmoins d'avoir peu d'effet : la Chine, membre du Conseil de sécurité et alliée de la Corée du nord, mettrait sans doute son véto à un renvoi devant la CPI. Néanmoins le rapport prévient : la Chine se rend potentiellement coupable de complicité de crimes contre l'humanité lorsqu'elle renvoit des exilés nord-coréens dans leur pays. Ils y sont en effet exposés à des actes de tortures ou à des exécutions sommaires.

La réaction de Pékin ne s'est pas fait attendre : la Chine juge "déraisonnable" ces accusations de complicité de crimes contre l'humanité. Quoi qu'il en soit, avec ce rapport, le régime de la Corée du nord est sur la sellette pour ses crimes. Et personne ne pourra dire qu'il n'était pas au courant...