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Éthiopie : l’avancée du TPLF inquiète

4 novembre 2021

Selon l'agence humanitaire américaine USAID, la prise d'Addis-Abeba par les forces du Front de libération du peuple du Tigré va aggraver la situation humanitaire déjà désastreuse.

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Des rebelles du TPFL à Mekele
Image : YASUYOSHI CHIBA/AFP

L'Ethiopie ne reculera pas dans la "guerre existentielle", a déclaré ce jeudi (4.11) le service de communication du gouvernement à Addis Abeba.

Le Front de libération du peuple du Tigré (TPLF), aidé par ses alliés, les combattants de l'Armée de libération oromo (OLA), sont à quelques centaines de kilomètres d’Addis-Abeba qu’ils peuvent prendre à tout moment, estime Gérard Prunier, chercheur émérite au Centre national de la recherche scientifique (CNRS). 

Debretsion Gebremichael, président du Front de Libération du peuple du Tigré (TPLF)
Debretsion Gebremichael, président du Front de Libération du peuple du Tigré (TPLF)Image : DW/M. Hailesilassie

"En fait, ils peuvent la prendre en 48h s'ils veulent. Mais la question est qu’ils ne sauront pas quoi en faire. Ils la perdront en six mois. Parce que quand ils l'ont pris en avril 1991, ils ont gouverné jusqu'à la mort de Meles Zenawi (Premier ministre de 1995 jusqu'à sa mort en 2012). Et peu à peu, il y a eu un divorce croissant entre la population et le pouvoir. Mais ça recommencera. Car personne n'a envie de voir les Tigréens revenir au pouvoir. Mais s'ils veulent juste renverser le régime du Premier ministre Abiy Ahmed, là il y aura un soutien. Parce que tout le monde en a marre", explique celui qui a aussi dirigé le Centre français des études éthiopiennes à Addis-Abeba.

A (re)lire également : Violations graves des droits de l'Homme en Ethiopie

Éviter le pire

L'émissaire américain pour la Corne de l'Afrique, Jeffrey Feltman, est attendu ce jeudi à Addis Abeba pour tenter une médiation.  Une initiative qu’approuve Gilles Yabi, fondateur du think tank citoyen WATHI et pour qui, la médiation pourrait permettre d’éviter le pire.

"L’Éthiopie est un pays difficile à manœuvrer" (Gilles Yabi)

"C'est un pays qui est un peu difficile à manœuvrer puisque l'Ethiopie est toujours portée à l'affirmation de sa souveraineté et au refus de toute ingérence dans ses affaires. L'Ethiopie, c'est le deuxième pays le plus peuplé du continent. C'est aussi l’Ethiopie qui abrite le siège de l'Union africaine. Et ce serait désastreux que ce pays bascule dans une guerre de plus en plus violente qui menace la capitale Addis-Abeba", explique Gilles Yabi.

Alliance de raison

Pour Gérard Prunier, la solution passerait par un accord sincère entre le  Front de libération du peuple du Tigré (TPLF) et l'Armée de libération oromo (OLA). Sinon, le pays sera ingouvernable.

"Parce que les vrais arbitres de la situation aujourd'hui, qui peuvent arriver à un début de solution, ce sont  les Oromos (ils constituent le groupe ethnique le plus important en Ethiopie et dans l'ensemble de la Corne de l'Afrique. Selon le recensement de 2007, ils représentent environ 34,5 % de la population éthiopienne estimée à 102 millions). Donc, il faut qu'ils trouvent une sorte d'accord avec le groupe d'Oromos. Ce qui ne sera pas facile parce que les Oromos sont très divisés. Ils sont contre le gouvernement actuel. Ils sont aux cotés des Tigréens. Mais, ils n'ont pas d'unité politique", soutient l’historien, spécialiste de la Corne de l’Afrique.

Escalade

"Les vrais arbitres, ce sont les Oromos" (Gérard Prunier)

Signe de la détérioration de la situation sécuritaire et militaire, l'ambassade américaine a annoncé ce jeudi qu'elle autorisait le départ volontaire de la plupart de son personnel et déconseillé les voyages en Ethiopie, jugeant "une nouvelle escalade probable" et que "des troubles civils et des violences ethniques peuvent survenir".

Mercredi (3/11), le TPLF a revendiqué la prise de Kemissie, à 325 kilomètres au nord de la capitale, où il a rejoint des combattants de l'Armée de libération oromo (OLA).

Un porte-parole de l'OLA a affirmé à l'AFP que la capitale pourrait tomber en quelques semaines.