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En Israël le premier ministre veut s'accrocher au pouvoir

Hugo Flotat-Talon | Daniel Pelz | Hélène Machline
30 janvier 2019

Un groupe de travail propose de créer, dans le musée dédié aux cultures extra-européennes de Berlin qui doit ouvrir cette année, une salle de silence, en hommage aux victimes du colonialisme allemand.

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Humboldt-Forum in Berlin
Image : picture-alliance/dpa/C. Storz

C'est un nouveau débat, une nouvelle polémique qui éclate en ce début d'année autour du Humbold Forum dans la capitale allemande Berlin. Polémique autour d'"une salle du silence" sur laquelle revient votre magazine Vu d'Allemagne cette semaine.

Le Humboldt-Forum c'est quoi ?

Le Humboldt-Forum c'est un musée qui doit ouvrir cette année à Berlin. Un musée dédié aux cultures extra-européennes, c'est à dire à toutes les œuvres non originaires d'Allemagne. Un lieu qui depuis le lancement du projet, en 2013, fait polémique.

Il y d'abord le lieu choisi. Il sera situé sur la place de l'ancien château de Berlin, reconstruit. Un château à l'histoire chargée puisqu'il a été détruit et reconstruit au fil des siècles. C'est ce lieu qui a notamment abrité les princes prussiens, colonisateurs allemands. Un tel lieu pour abriter des œuvres venant des anciennes colonies allemandes est donc inadmissible pour certains.

Bronzes du Bénin

L'idée même d'un musée dédié aux cultures extra-européennes fait polémique. Dès le lancement du projet, un collectif demandant un moratoire était créé. Dans un long texte traduit en de très nombreuses langues, les signataires demandaient à ce que, plutôt qu'un musée, on réfléchisse à la restitution des œuvres d'arts du monde entier situées en Allemagne, y compris celles africaines, comme des bronzes du Bénin par exemple.

"La majeure part des plus de 500 000 pièces d'exposition en provenance du monde entier a rejoint la ville de Berlin dans le cadre des conquêtes coloniales. (…) Nous demandons que la lumière soit faite sur les circonstances d'acquisition de toutes les œuvres d'exposition et exigeons le respect des résolutions sans équivoque des Nations Unies relatives "à la restitution des objets d'art aux pays touchés par des actes d'expropriation", écrivaient les signataires du texte.

Plus de cinq ans après le projet a avancé, non sans polémiques. Il y a un an et demi l'historienne Bénédicte Savoy démissionnait même du conseil consultatif du musée dénonçant un lieu basé, selon elle, "sur 300 ans de collections, avec toutes les abominations et les espoirs qui viennent avec".

Massacre des Héréros et Namas

En ce début 2019, c'est pour donc dépasser ces critiques qu'un groupe de travail propose de créer un lieu de mémoire, une salle du silence au Humboldt-Forum. "Un lieu pour réfléchir, laisser libre cours à ses pensée et à la réflexion" sur le temps de la colonisation. De quoi réfléchir, par exemple, au massacre des Héréros et Namas, un massacre perpétré par les colonisateurs allemands du Sud-Ouest africain, aujourd'hui la Namibie. Entre 90.000 et 100.000 Africains ont été tués entre 1904 et 1908.

Un tel lieu de mémoire aurait sa place dans le futur musée selon le chercheur namibien et allemand, spécialiste de l'Afrique autour de qui s'est faite la proposition Henning Melber. "Parce que la période coloniale allemande n'a pas été suffisamment étudié, travaillée", explique-t-il. "Le Humboldt Forum est un lieu où on pourra voir des œuvres qui ont été volées dans les pays du Sud à l'époque du colonialisme allemand. Ce serait donc un point de départ pour se rappeler qu'il y a un chapitre de l'histoire allemande qui n'a pas encore été traité, bien avant l'Holocauste."

Une idée bien accueillie par la fondation en charge de ce Humboldt-Forum. Mais elle fait face aussi à des oppositions. "Je ne veux pas qu'on essaie d'installer une salle de silence à l'intérieur, c'est inacceptable pour moi", estime, exemple, le militant Mnyaka Suru Mboro, originaire de Tanzanie "Il semble qu'il s'agisse plutôt d'une publicité pour le Humboldt Forum, mais ça ne répond pas à nos souhaits, nos demandes de parler du colonialisme et de l'esclavage."

Un monument en hommage aux victimes du colonialisme ?

Mnyaka Suru Mboro propose plutôt un monument public à la mémoire des victimes du colonialisme et de l'esclavage. Une opposition partagée par des historiens allemands. "Ce qui me préoccupe, c'est que cet espace, s'il existe, ne favorisera pas fondamentalement le travail sur colonialisme, mais plutôt l'entravera dans le sens où les gens penseront que nous avons un espace commémoratif et que dans le reste du Forum Humboldt nous n'avons donc pas à traiter de cela“, estime Jürgen Zimmerer.

Il faut, selon lui, en dehors du Humboldt Forum, un site commémoratif central pour les victimes du colonialisme allemand."Le colonialisme spécifiquement allemand, par exemple le génocide des Hereros et Namas ne peut pas être commémoré dans le Forum Humboldt, mais doit se faire dans un lieu central à l'extérieur."

Pour l'heure le débat reste ouvert, il n'est pas tranché. Le responsable du groupe de travail initiateur de l'idée Henning Melber a entendu les critiques mais estime qu'un lieu de silence, une salle de réflexion, n'empêchera pas le débat sur la colonisation de se poursuivre, à haute voix.

 

Dans la seconde partie de ce magazine, Vu d'Allemagne prend la direction d'Israël. Le système d'interception aérien de roquettes a été déployé il y a quelques jours sur place, suite au regain de tensions à Gaza et en Syrie.

Dans un tout autre dossier, Israël réclame aussi des milliards de dollars à l'Iran, ainsi qu’a plusieurs pays arabes qui ont expulsé les juifs de leurs pays, au moment de la création de l‘Etat d’Israël, les forçant à abandonner tous leurs biens. Les indemnisations sont évaluées à un montant total de 250 milliards de dollars.

Des Congolais menacés d'expulsion

Tout cela se passe dans un contexte électoral d’élections législatives anticipées début avril. En effet, alors que le premier ministre israélien Benjamin Netanyahou se débat toujours avec plusieurs accusations de corruption, sa coalition gouvernementale a décidé de dissoudre le Parlement afin de provoquer des élections anticipées le 9 avril 2019. Le premier ministre met un point d’honneur à se présenter comme "l’homme de la situation" .

La situation des Congolais reste toujours en suspens. Alors qu’Israël offrait le statut de réfugié politique aux Congolais depuis presque 20 ans, ils sont aujourd’hui entre 300 et 400 à être menacés d’expulsion imminente. Le gouvernement israélien estime que le retour de ces expatriés dans leurs pays d’origine ne présente plus aucun danger. 

Portrait Hugo Flotat-Talon
Hugo Flotat-Talon Journaliste au programme francophone de la Deutsche WelleHugo_FT_