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Une étude souligne l'échec de l'intégration des Turcs

Carine Debrabandère29 janvier 2009

Les Turcs sont les immigrés les moins bien intégrés en Allemagne, alors qu'ils sont parmi les plus nombreux. C'est le résultat d'une étude de l'Institut de Berlin pour la Population et le Développement.

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Image : AP

Les Turcs, ou les personnes d'origine turque, sont parmi les immigrés les moins bien intégrés en Allemagne - alors qu'ils constituent la communauté étrangère la plus importante – près de trois millions de personnes dans le pays. C'est le résultat d'une étude de l'Institut de Berlin pour la Population et le Développement, étude parue lundi dernier. L'accent est mis sur l'éducation, comme le souligne Maria Böhmer, la chargée de mission du gouvernement pour les questions d'intégration:


«La formation constitue la clé de l'intégration. Cela signifie qu'un enfant qui va à l'école sans maîtriser la langue allemande ne sera pas en mesure de suivre les cours. Si les parents ne s'intéressent pas à notre système scolaire, ils ne pourront pas soutenir leurs enfants dans leurs études. C'est pourquoi nous avons dit dans notre plan d'intégration national que nous voulions mettre l'accent sur l'éducation. »


Deutschland Türkei Integration Türken in Duisburg Moschee
Image : AP

Le programme national d'intégration étant un catalogue de plusieurs centaines de mesures destinées à améliorer le quotidien des 15 millions de personnes issues de l'immigration qui vivent en Allemagne. Mais comme l'explique Erol Pürlü, porte-parole du Conseil de coordination des musulmans, il est difficile de définir ce que veut dire exactement « intégration »:


« Cela dépend toujours de la façon avec laquelle vous comprenez ce concept. La capacité d'intégration d'une femme, par exemple, ne peut pas se mesurer au fait qu'elle soit mère au foyer ou qu'elle ait un emploi. Une mère au foyer turque peut également être une femme très bien intégrée dans la société allemande. »


Toujours est-il que les résultats de l'étude de l'Institut de Berlin pour la Population et le Développement sont alarmants : 30% des jeunes Turcs ou d'origine turque sortent de l'école sans le moindre diplôme. Seuls 14% d'entre eux obtiennent le bac, un pourcentage inférieur de plus de la moitié à celui des Allemands de souche. Les jeunes d'origine turque sont ensuite beaucoup plus souvent confrontés au chômage, le taux de femmes au foyer est également extrêmement élevé et beaucoup de familles turques sont dépendantes de l'aide sociale. Le problème, selon Maria Böhmer, c'est que la première génération de travailleurs turcs venus, à la demande de l'Allemagne, principalement dans les années 60, a transmis son statut de familles défavorisées de génération en génération :


Deutschland Türkei Integration Türken in Duisburg Valentinstag
Image : AP

«La plupart de ces migrants n'ont pas eu accès à l'éducation avant leur arrivée en Allemagne. C'est une situation particulière. Plus de 72% des personnes issues de l'immigration turque n'ont pas de qualifications professionnelles. Elles ne peuvent donc que difficilement soutenir leurs enfants.


Et le problème crucial est celui de la langue. Là où l'Allemagne reconnaît d'ailleurs avoir agi trop tardivement. Il y a, par ailleurs beaucoup trop de classes où 80% des élèves ne comprennent pas bien l'allemand déplorent les auteurs de l'étude berlinoise. Une étude que la communauté turque dénonce, car elle refuse l'étiquette de cancre de l'intégration. Bekir Alboga, de la DITIB qui regroupe plusieurs organisations turques.


« C'est une étude qui s'est placée dès le départ dans une perspective de déficits. Si l'enquête s'était penchée sur les succès qu'ont accumulés les personnes issues de l'immigration, nous aurions obtenu des résultats bien différents. Il n'y a pas un secteur professionnel où vous ne trouviez des personnes d'origine turque exemplaires. Je suis méfiant à l'égard de propos qui sont difficiles à vérifier de manière scientifique. »


Cela dit souligne Bekir Alboga, il est évident qu'il faut renforcer les mesures qui encouragent l'apprentissage de la langue allemande. Environ 80% de la population turque d'Allemagne appartient aux couches aux revenus les plus faibles, contre seulement 13% de la population allemande. Et c'est là que la bât blesse.