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Forum à Berlin pour rediscuter du partenariat Afrique-Europe

Sandrine Blanchard | Martina Schwikowski
9 juin 2021

Des politiques tentent, avec des représentants du monde économique et de la société civile, de rééquilibrer la donne dans les relations avec l'Afrique pour prévoir dès aujourd’hui l’après-coronavirus.

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Comment jeter de nouvelles bases pour rapprocher l'Afrique et l'Europe?
Comment jeter de nouvelles bases pour rapprocher l'Afrique et l'Europe?Image : picture-alliance/dpa/NASA

Rencontre aujourd’hui à Berlin pour rediscuter du partenariat économique entre l’Afrique et l’Europe. Un partenariat que des responsables politiques mais aussi des représentants du monde économique et de la société civile tentent de rééquilibrer pour prévoir dès aujourd’hui l’après-coronavirus.

La pandémie a beaucoup affaibli les économies, en Afrique comme dans le reste du monde
La pandémie a beaucoup affaibli les économies, en Afrique comme dans le reste du mondeImage : Getty Images/AFP/S. Maina

L'optimisme de Mo Ibrahim

Le philanthrope soudanais Mo Ibrahim se dit "optimiste", en dépit de l’année difficile qui vient de s’écouler: "Nous avons besoin d‘élaborer un nouveau modèle qui crée des emplois, qui soit plus juste, durable et prenne en compte la protection de l’environnement. Il nous faut la paix et la sécurité sur le continent, surtout dans le Sahara, le Sahel et la Corne de l’Afrique", dit-il.

Parmi les raisons de cette confiance affichée : l’alternance à la tête des Etats-Unis, la rencontre de Paris il y a quelques semaines pour épauler les économies africaines, mais aussi les efforts fournis par de nombreux dirigeants africains dans la lutte contre la Covid-19.

>>> Lire aussi : Avec le coronavirus, l'Afrique passe au second plan en Europe

Ingrid Hamm, cofondatrice de l’organisme GPI, qui a organisé forum virtuel de Berlin, partage elle aussi cette vision positive. Selon elle, "l’Afrique est en plein boom" et bientôt, les Occidentaux "la regarderont comme ils regardaient l’Asie il y a 30 ans". Les deux partenaires pourront alors s’entendre sur un vaste programme de "transition verte", basé sur des solutions africaines.

Un meilleur accès aux marchés?

Le président allemand Frank-Walter Steinmeier, son homologue sénégalais Macky Sall et la directrice générale de l’Organisation mondiale du commerce. Ngozi Okonjo-Iweala, étaient chargés d’ouvrir la rencontre. 

>>> Lire aussi : Que retenir de la nouvelle stratégie européenne pour l'Afrique ?

Le président allemand dit regretter les inégalités entre les pays dans la distribution des vaccins. Tandis que la directrice de l’OMC estime que l’Afrique n’a pas besoin d’aide mais d’un "accès aux marchés financiers, à des conditions raisonnables".

Archive: Macky Sall et Angela Merkel en 2018, lors de la conférence "Compact with Africa"
Macky Sall est associé au forum de BerlinImage : picture-alliance/dpa/Bernd von Jutrczenka

Critiques de ces "vieilles recettes"

L'ONG Venro saisit l'occasion du Forum de Berlin pour critiquer la politique allemande de développement. Si l'ONG salue le multilatéralisme prôné par l'Allemagne, elle regrette le manque d'intérêt porté "aux conséquences de nos politiques agricoles et économiques sur les pays à faible revenu". Venro déplore également que l'Allemagne n'atteigne pas son objectif de consacrer chaque année 0,2% de son PIB à l'aide aux pays les plus pauvres.

Robert Kappel, de l‘université de Leipzig, est également sceptique quant aux "solutions" proposées.

"Le problème, explique-t-il, c’est qu’on mise toujours sur les mêmes vieilles recettes : la libéralisation macro-économique, les privatisations, la gestion de la dette. Cela ne suffit pas à régler les problèmes graves que rencontre l’Afrique : la crise climatique, le chômage extrême – avec 20 millions de personnes qui cherchent un emploi et seulement 5% qui en trouvent un. Il faudrait miser davantage sur les petites et moyennes entreprises, sur le pharmaceutique par exemple."

Impossible de dissuader les personnes candidates au départ vers l'Europe si leurs conditions de vie ne s'améliorent pas en Afrique
Impossible de dissuader les personnes candidates au départ vers l'Europe si leurs conditions de vie ne s'améliorent pas en AfriqueImage : Javier Bauluz/AP Photo/picture alliance

Selon le chercheur, tant que les inégalités perdureront dans les relations commerciales et économiques, de nombreux Africains seront contraints d’émigrer et les conflits armés ne pourront être réglés.

>>> Lire aussi : Les pays riches sont ceux qui accueillent le moins de réfugiés

Sans trop y croire, Robert Kappel place tout de même certains espoirs de renouveau du partenariat avec l’Afrique dans la présidence allemande du Conseil européen, à partir du 1er juillet, et le sommet Union européenne-Afrique qui devrait se tenir à l’automne.