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Turquie : la rue demande le départ d'Erdogan

Georges Ibrahim Tounkara 3 juin 2013

Au quatrième jour d’un mouvement de contestation sans précédent, des milliers de Turcs continuent à crier leur ras-le-bol contre le gouvernement de Recep Tayyip Erdogan. Ils demandent notamment plus de libertés.

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Image : Reuters

En dix années de pouvoir, c'est la première fois que Recep Tayyip Erdogan fait face à des manifestations d'une telle ampleur. Sur les 81 provinces que compte la Turquie, une cinquantaine ont connu, ces jours-ci, des manifestations anti-gouvernementales avec souvent de violents accrochages avec la police. Les manifestations les plus violentes ont surtout eu lieu à Istanbul, à Adana dans le sud, à Ankara, la capitale, et à Izmir dans l'ouest où des banques ainsi que des bâtiments officiels ont été entièrement brûlés.

A Izmir, le siège de l'AKP, le parti du Premier ministre turc, a même été incendié. Bilan de ces mouvements de rue : des milliers de blessés et plus de 1.700 arrestations selon les autorités turques. Amnesty International, qui dénonce la brutalité policière face aux manifestants, évoque pour sa part la mort de deux personnes.

Türkei Istanbul Ankara Demonstrationen Mai Juni 2013
Manifestant à AnkaraImage : Reuters

Les raisons de la colère

Les manifestants sont des militants de la société civile, des élèves, des étudiants, des sans-emplois, des partisans de l'opposition de gauche et de l'extrême gauche ainsi que des écologistes. À qui se sont ajoutés de nombreux mécontents de la politique du Premier ministre Erdogan.

Leurs revendications : d'abord l'abandon par le gouvernement d'un projet immobilier sur la place Taksim, épicentre de l'actuel soulèvement à Istanbul. Un projet qui prévoit notamment la construction d'un gigantesque centre commercial et d'autres infrastructures. Mais l'opposition à ce projet n'est qu'un prétexte pour de nombreux Turcs pour faire entendre leur frustration vis-à-vis de l'AKP, le parti au pouvoir.

L'AKP, le Parti pour la justice et le développement, formation islamiste et conservatrice, est en effet accusé de restrictions des libertés. Le parlement dominé par l'AKP a adopté ces derniers semaines une loi limitant la vente de l'alcool et pourrait interdire l'avortement ou limiter sa pratique. Le voile a été imposé dans les universités, la liberté de presse est menacée (plusieurs journalistes sont en prison). Bref, la société turque s'est rebellée sans doute pour plus de libertés et de démocratie dans un pays considéré jusque là comme un modèle de démocratie dans le monde musulman

Réaction du gouvernement

Pour le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, les manifestants sont manipulés par des groupes extrémistes, alors que la contestation devrait plutôt se faire dans les urnes. Et pour montrer qu'il n'est nullement ébranlé par ce mouvement, il a même maintenu sa tournée au Maghreb. Le chef du gouvernement turc est arrivé lundi au Maroc dans le cadre de cette tournée.

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Recep Tayyip Erdogan est confronté à sa plus grave crise socio-politiqueImage : Reuters

Quant au président Abdullah Gül, il a demandé lundi matin aux manifestants de cesser leur mouvement, assurant qu'ils avaient été entendus. Un appel qui a peu de chance d'être entendu. La Confédération des syndicats de la fonction publique (Kesk) a en effet lancé un appel à une "grève d'avertissement" de 48 heures à compter de mardi pour protester contre la répression policière.

« La terreur d'État mise en œuvre contre les manifestations massives à travers le pays a démontré une fois de plus l'hostilité du gouvernement AKP à l'égard de la démocratie », dénonce l'organisation syndicale, qui représente onze syndicats et revendique quelque 240.000 adhérents.

Pour en savoir plus, écoutez le témoignage, depuis Istanbul, d'Arthur Manet de la Fédération internationale des droits de l'Homme (au micro d'Edmond d’Almeida).

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