La société civile et l'opposition togolaises réclament la libération de deux opposants mis aux arrêts et de tous les autres prisonniers politiques.
Brigitte Adjamagbo-Johnson et Gérard Djossou, tous deux membres de la plateforme Dynamique Mgr. Kpodzro, ont été interpellés samedi 28.11 dans l’après-midi à Lomé pour "atteinte à la sécurité intérieure de l'Etat", selon un communiqué du procureur de la République, Essolissam (ESSO LI SSAM) Poyodi.
L'interpellation de ces deux opposants a suscité une vague d'indignation au sein de l'opposition et de la société civile qui exigent lundi leur "libération immédiate".
Le procureur de la République accuse Brigitte Adjamagbo-Johnson et Gérard Djossou de préparer "un plan de déstabilisation des institutions de la République". Dans un communiqué, le Front citoyen Togo debout (FCTD) - qui rassemble de nombreuses organisations de la société civile togolaise - "condamne l'instrumentalisation de la justice et demande la libération de ces deux responsables et des détenus politiques".
"L'instrumentalisation de la justice à des fins de règlement de compte politique constitue une entrave inacceptable à la vie démocratique", ont dénoncé de leur côté quatre partis d'opposition dans un communiqué conjoint.
"Le harcèlement permanent des acteurs politiques de l'opposition dans le cadre de leurs activités doit cesser sans délai", ajoutent-ils.
Amnesty international a également dénoncé mardi dernier la "répression croissante des voix dissidentes par les autorités togolaises", à la suite de l'arrestation la semaine dernière de deux représentants d'un important mouvement de l'opposition.
"L'arrestation des deux opposants semble être strictement liée à l'appel à manifestation et apparaît comme une nouvelle illustration des autorités de vouloir réduire au silence l'opposition et les voix dissidentes", a déclaré Marceau Sivieude, directeur adjoint d'Amnesty International pour l'Afrique de l'Ouest et l'Afrique centrale.
Il a appelé les autorités à "libérer immédiatement et de façon inconditionnelle" les deux opposants et à "respecter la liberté d'expression et de manifestation pacifique de toutes les personnes, y compris les opposants politiques".
La lutte contre le coronavirus "ne doit pas servir de prétexte pour justifier la pratique illégale de l'interdiction systématique des manifestations de l'opposition politique au Togo", a-t-il ajouté.
Une marche interdite
La Dynamique Mgr. Kpodzro avait appelé à une marche le 28 novembre à Lomé pour protester contre les résultats de l'élection présidentielle de février qui a reconduit le président Faure Gnassingbé à la présidence pour un quatrième mandat.
La manifestation a été interdite par le gouvernement, qui a invoqué la pandémie de coronavirus. Quatre représentants de ses organisateurs ont toutefois rencontré les ambassadeurs des Etats-Unis, de la France, de l'Allemagne, de l'Union Européenne et des Nations unies vendredi.
À leur retour, Gérard Djossou, l'un des membres de la délégation, a été "molesté" et "enlevé", avant d'être placé en garde à vue, selon le mouvement, et Brigitte Adjamagbo-Johnson a été arrêtée le lendemain alors qu'elle souhaitait lui rendre visite.
L'ancien Premier ministre Agbéyomé Kodjo, chef de file de la Dynamique Mgr. Kpodzro, qui a obtenu 19,46% des suffrages lors de l'élection présidentielle, contre 70,78% pour Faure Gnassingbé, conteste toujours ces résultats et a été plusieurs convoqué par la justice et menacé de poursuites.
Ces accusations contre ces deux opposants sont-elles fondées ? Eric Topona en débat cette semaine avec ses invités dans le magazine sous l’Arbre à Palabre. Il s’agit de :
-Louis Magloire Keumayou, président du club de l'information africaine et co-auteur de l’ouvrage : Togo - Une démocratie en construction.
-Dimas Dzikodo , directeur de publication du quotidien togolais d’informations, Forum de la Semaine.
- Et Brigitte Ameganvi, coordinatrice Europe de #TogoDebout.
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