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Au Tchad, cette question pourrait faire échouer le dialogue

Blaise Dariustone
21 juin 2022

Les groupes politico-militaires en pourparlers avec l'Etat tchadien à Doha insistent sur l'inéligibilité des acteurs de la transition. La question divise.

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Mahamat Idriss Déby ici à Téra au Niger lors d'une visite au contingent tchadien stationné dans cette ville (Archives)
Mahamat Idriss Déby a été nommé à la tête du Conseil militaire de transition (CMT) composé de 15 générauxImage : Facebook/Präsidentschaft Tschad

Plus de quatre mois après le début du pré-dialogue entre les mouvements politico-militaires et le Conseil militaire de transition, à Doha au Qatar, les deux parties sont loin de s'entendre sur certains points essentiels.

Le sujet qui suscite le plus de controverse concerne l'inéligibilité de tous les dirigeants de la transition. Le gouvernement tchadien estime que cette question devrait plutôt être tranchée au grand dialogue national de N'Djamena et non à Doha.

Or les groupes politico-militaires ne l'entendent pas de la même oreille et cela a entraîné le report de la signature d'un accord entre le gouvernement et les groupes rebelles, le 12 juin dernier.

Mésentente sur le cadre de discussions

Ouvert depuis le 13 mars dernier à Doha, au Qatar, avec une cinquantaine de représentants des groupes armés, ce pré-dialogue vise à trouver un consensus pour faire participer tous les politico-militaires au grand dialogue national inclusif de N'Djamena, devant déboucher sur la rédaction d'une nouvelle Constitution, des élections et le retour des civils pouvoir.

Mais depuis mars, les négociations piétinent face à certaines exigences des groupes rebelles sur plusieurs points, dont la question de la non-éligibilité des dirigeants de la transition militaire.

>>> Lire aussi : Pourquoi les groupes armés sont légion au Tchad ?

"Puisque le dialogue sera souverain, s'ils pensent que les gens sont inéligibles, qu'ils viennent le dire au dialogue !", suggère le ministre de la Communication, Abderamane Koulamallah qui insiste sur la compétence du dialogue national.

"Les gens qui dirigent la transition ont aussi leur point de vue. Pourquoi on ne va pas au dialogue national inclusif pour confronter nos points de vue ? Laissez les questions essentielles au dialogue national inclusif. Ne soyez pas pressés, soyez patients, soyons patients. Ne nous énervons pas inutilement. Pour avoir été un des acteurs principaux de la première conférence nationale souveraine (15 janvier 1993) , je peux vous dire une chose : ce dialogue sera encore plus au-dessus. Parce qu'il y a une conscientisation qui n'était pas la même en 1993", essaie de sensibiliser le ministre.

Les groupes politico-militaires pas convaincus

Ces arguments du ministre Abderamane Koulamallah ne rassurent toujours pas certains politico-militaires, à l'exemple de Charfadine Galmaye Galimi, membre du comité préparatoire du dialogue au sein du Front pour l'alternance et la concorde au Tchad (FACT).

Charfadine Galmaye Galimi : "Ce rejet prouve leur mauvaise volonté"

"Le rejet par la junte et ses représentants de toute discussion sur la question de l'inéligibilité des dirigeants de la transition est une preuve manifeste de leur mauvaise volonté et de la préparation d'un projet de succession dynastique", soupçonne-t-il.

"Par expérience sur ce à quoi le Mouvement patriotique du salut MPS (ancien parti au pouvoir, ndlr) nous a habitués comme forum, dialogue et conférence depuis 1993, nous n'avons pas du tout confiance qu'il puisse se dégager une majorité claire sans qu'il puisse y avoir des manœuvres et des manipulations dans la composition des participants au dialogue national inclusif. Nous croyons fermement qu'il est temps de régler cette question par un accord qui sera garanti par la communauté internationale", martèle Charfadine Galmaye Galimi.

Outre la question de la non-éligibilité des dirigeants de la transition, les groupes rebelles qui discutent au Qatar avec les autorités tchadiennes, pour aboutir à un accord de paix, refusent également toute prolongation de la transition militaire en cours qui, théoriquement, ne devrait encore durer que quatre mois et donc théoriquement, s'achever en octobre 2022.