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Le Tchad accuse la RCA d’avoir tué six de ses soldats

31 mai 2021

Selon le gouvernement tchadien, des soldats sont morts après l’attaque, dimanche (30.05.21), par l’armée centrafricaine d'un poste avancé à Sourou, au Tchad, non loin de la frontière avec la RCA.

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Des soldats tchadiens de la Misca en route pour Bangui en 2014
Des soldats tchadiens de la Misca en route pour Bangui en 2014Image : AFP/Getty Images/M. Medina

N’Djaména indique que les militaires centrafricains lourdement armés étaient appuyés par leurs alliés paramilitaires russes et ont attaqué les positions de l’armée tchadienne, faisant six victimes.

Selon le ministre tchadien des Affaires étrangères, Chérif Mahamat Zene, ce "crime de guerre d'une gravité extrême et cette attaque meurtrière préméditée, planifiée et opérée à l'intérieur du Tchad ne sauraient rester impunis"

"Les autorités centrafricaines en subiront les conséquences" (Abderaman Koulamallah)

"Ce sont les Faca (Forces armées centrafricaines, ndlr) qui nous ont agressés. Leurs hommes étaient lourdement équipés, bien organisés. Il faut que le gouvernement centrafricain s'explique. On n'est pas le genre de pays qu'on peut venir agresser puis repartir comme ça. Les autorités centrafricaines en subiront les conséquences", confirme à la DW Abderaman Koulamallah, ministre tchadien de la Communication et porte-parole du gouvernement.

Poursuite des rebelles centrafricains

A en croire de hauts responsables des services de sécurité tchadiens, qui ont requis l'anonymat, les soldats centrafricains poursuivaient au-delà de leur frontière des combattants rebelles des 3R (Retour, réclamation et réhabilitation) et ceux de l'Unité pour la paix en Centrafrique, tous membres de la Coalition des patriotes pour le changement, dirigée par l’ancien président centrafricain François Bozizé.  

"Les éléments rebelles se replient toujours de l'autre côté de la frontière" (Albert Yaloké Mokpem)

"Les éléments rebelles se replient toujours de l'autre côté de la frontière, si bien que ça nous crée des problèmes. C'est un incident qui a permis de comprendre qu’il est urgent, des deux côtés, de mettre en place des cellules pour que ce type d'opération ne se répète plus", soutient Albert Yaloké Mokpem, ministre-conseiller et porte-parole du président centrafricain, Faustin-Archange Touadéra, qui confirme ainsi cette hypothèse. 

Dans un communiqué du porte-parole du gouvernement Ange Maxime Kazagui, le gouvernement centrafricain "déplore les pertes en vies humaines et les blessés au sein des armées tchadienne et centrafricaine", et accuse les rebelles centrafricains que ses soldats "poursuivaient" d'en être responsables. En outre, il "réaffirme" sa volonté de raffermir les relations "entre les deux peuples frères" et propose au Tchad "une mission d'enquête conjointe" sur ces heurts.

Soutien du Tchad

La région où se sont déroulés les affrontements de dimanche, aux confins du Tchad, de la Centrafrique et du Cameroun, est une zone de transhumance, considérée comme le fief, côté centrafricain, du mouvement rebelle des 3R, accusé par Bangui d’être soutenu par le Tchad. 

C’est pourquoi Thierry Vircoulon, coordonnateur de l'Observatoire de l'Afrique australe et centrale à l'Institut français des relations internationales, dit ne pas être surpris par l’accrochage qui s’est déroulé dimanche.

"Ça fait déjà quelques semaines qu'on observe la montée des tensions à la frontière entre le Tchad et la Centrafrique. C'est un peu la première fois que le rapport de force est renversé. D'habitude, c'est surtout l'armée tchadienne qui commettait des actes de violence. Donc ces tensions s'inscrivent aussi dans la traque de l'ex-président François Bozizé, qui est le chef des rebelles de la Coalition des patriotes pour le changement (CPC), dont beaucoup considèrent qu'il a des accointances et des complicités au Tchad", affirme le chercheur.

"Ces tensions s'inscrivent aussi dans la traque de l'ex-président François Bozizé" (Thierry Vircoulon)

Le Tchad est régulièrement accusé par son voisin centrafricain d’aider, d’armer, de financer et d’abriter certains groupes armés qui veulent renverser les autorités de Bangui. 

En 2003, l’ancien président François Bozizé avait ainsi établi sa base arrière dans le sud du Tchad, avant de renverser le président en poste à l’époque, Ange Félix Patassé. 

C’est toujours à partir du sud du Tchad que les rebelles de la Séléka avaient marché sur la capitale centrafricaine, chassant François Bozizé en mars 2013.